Sixième épisode de la série et suite de Colin McRae Rally 2005,
Colin McRae DiRT est le premier jeu de rallye à embrayer sur les consoles modernes (≠ Wii). Cela faisait également des années que le PC n'avait pas eu droit à un jeu du genre. Du coup, cela nous permet de goûter au pionnier des jeux de rallye graphiquement
nesquegène. Manque de bol, le reste n'a pas su franchir la ligne de départ, vous allez voir ça. A noter que
ce test est basé sur les versions Xbox 360 et PC du jeu. Les quelques gamers ensorcellés qui ont acheté la PS3 pourront profiter de ce Colin McRae DiRT en
inferior version "dès" la fin de l'année.
D'entrée de jeu, on est effrayé par une voix débilisante qui nous accueille avec un horrible
BIENVENUE DANS COLIN MCRAE DIRT gueulé, et qui nous poursuivra partout dans les menus pour nous expliquer ce qu'il faut qu'on fasse car on est un
casual gamer (joueur moderne) plus capable de se servir de menus. Ceux-ci ont la particularité d'être tridimensionnels, fashions et bordéliques (donc inspirés de Windows Vista). On aurait aimé pouvoir jouer sans s'y perdre cinq minutes à chaque fois, surtout que par derrière on se coltine une musique technoïde avec voix de femme en plein orgasme, comme dans le
Je t'aime... Moi non plus de Gainsbourg. Moi non plus j'aime pas. J'aime pas non plus l'incompatibilité entre le gamepad et ces menus sur la version PC, ce qui oblige à jongler avec le clavier entre deux tours de piste.
On est ensuite déboussolé par les cinquante modes de jeu hors-sujet : courses de buggys, circuits fermés, 4X4 modernes, camions... Et même du rally ! En voulant toucher à tout (sans réussir dans rien), ce Colin McRae n'en est plus un. Par contre, ne passez pas vos journées dans les sous-menus à tenter de dénicher le rallye sur glace : il n'y en a pas, du tout ! Que vous ayez un PC ou une Xbox 360, ne cherchez pas non plus où sont les courses multijoueurs face à des concurrents, que ce soit en écran partagé ou sur internet : elles n'existent pas, du tout ! En fait, il est uniquement possible de concourrir en contre-la montre face à des joueurs invisibles. La spécificité de ce Colin McRae étant les courses en solo face à des pilotes visibles et percutables, leur absence en réseau est une bizarrerie quasi surnaturelle. Malgré tout ce bordel incohérent, on finit finalement par se décider : allez, on va se sélectionner un rallye solo
old school, ils peuvent plus nous emmerder sur ce coup-là ! Mais paf ! Sur Xbox 360, on est violemment stoppé par des temps de chargement interminables durant lesquels on nous impose des statistiques inutiles.
Une fois en selle, on est rassuré en se prenant d'emblée une claque dans la gueule. Colin McRae DiRT est juste le plus beau jeu de voitures jamais sorti, tous supports confondus. La voiture et le décor et le reste, tout est véritablement
nesquegène et enterre à la bêche
Forza Motortron. Les courses dans le désert boueux renvoient même
Motorstron au rang de simple jeu PS3.
Bloom,
HDR,
blur sur les voitures en mouvement, effets de réflexion sur les pistes mouillées... Ca te sidère et puis chaque coin de piste est occupé par des détails. La végétation est ombragée de manière à ce qu'on ait l'impression qu'elle crève littéralement l'écran. Elle est qui plus est exhaustive, comme si les graphistes avaient modélisé toutes les mauvaises herbes du monde. Et ces fourrés sont tellement généreux qu'ils débordent jusque sur la route... Mais disparaissent dès que l'on s'éloigne à peine du tracé. De toute façon on peut même pas se ballader partout, y'a toujours un foutu fondu liberticide qui nous remet en piste pff.
En contrepartie de cette beauté, évidemment : 30 images par secondes en moyenne sur Xbox 360 et 5 images par seconde en moyenne sur PC. Ca c'est sur les étapes de rallye pur, mais le moteur graphique dégringole dès que l'on concourt face à des adversaires de chair et d'os, car il n'a pas été optimisé pour. Mais comme vous avez eu la décence de ne pas avoir acheté ce jeu, le principal est que celui-ci rende super bien en images.
Mais à peine a-t-on eu le temps de se faire exploser sa rétine qu'on redescend, pire, qu'on s'écrase sur terre.
Car qui dit beau jeu ne dit pas bon jeu. La conduite est beaucoup plus qu'arcade, et on s'en rend compte dès son premier virage, terminé par un mur. Sans nul doute sacrifiée pour pour des besoins d'accessibilité (ne pas confondre avec
fun), elle se traduit par une bagnole-savonnette toute crispée des fesses et infichue d'épouser les virages. Ni même de s'y glisser à la dérive, comme à la belle époque. La direction et le freinage sont exagérés : un coup de volant et c'est le poteau, un coup de frein et c'est l'arrêt net. Le moteur physique rudimentaire nous inflige une adhérence toute relative et des transferts de masse à la masse.
Certes les Colin McRae ont toujours été des jeux modérément réalistes, mais là on se ramasse quand même la conduite d'
Outrun, sans déconner ! Du coup, on ne ressent absolument aucune sensation de vitesse en vue extérieure, comme si l'on dirigait un bloc rectangulaire qui vire sans surprises à droite à gauche quand on le lui demande. Soporifique toi-même ! Terminées les réactions nucléaires découlant des infimes accélérations répétées, le jeu ne nous oblige même plus à savoir à peine conduire. Dans le second Colin McRae, y'avait un mode arcade, mais dans Colin McRae DiRT, c'est tout le jeu qu'est en mode arcade.
Pour ne rien arranger, le copilote est lui aussi imprécis (et moche). Les divers paramétrage des très divers véhicules restent super complexes, alors qu'il s'agit d'un jeu pour bambins je le rappelle. Il n'y a aucun changement météorologique en temps réel sur les pistes, un comble pour un jeu de course d'ajourd'hui. Si vous jouez à Colin Mc Rae DiRT sur PC, au clavier, vous êtes fêlé : appuyer sur la flèche droite se traduit par le fossé droit tandis qu'appuyer sur la flèche gauche se traduit par le fossé gauche ! C'est déjà plus précis avec le stick analogique de n'importe quelle manette, mais bon, ça reste un jeu d'enfants.
