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Rosier
Gozier

Grey-Che - 04 Mar 2021

Qu'est-ce que tu appelles "dans la veine de" ?

Regarde peut-être du côté de Pierre Bordage. Sa production est très inégale, donc ne tape pas dedans au hasard, mais on peut y trouver de bien chouettes trucs.
J'avais beaucoup aimé sa trilogie des guerriers du silence. Un space opéra/fantasy assez fun et épique, avec ce qu'il faut de complot intergalactique et de personnages intéressants à suivre tout du long. Bordage aime les tournures stylistiques (un peu comme un proto-Damasio) sans que ça paraisse boursoufflé, très agréable à lire et assez virevoltant.

Je m'étais bien amusé aussi en lisant les deux volumes de Wang, cette fois dans une veine plus "anticipation" (mais avec de gros guillemets, ça reste assez foutraque). Un énorme rideau électromagnétique sépare l'occident en deux (avec les pauvres à l'est dans leurs affrontements de gangs, et les riches à l'ouest dans leur paradis dystopique lol). Régulièrement le rideau s'ouvre pour laisser passer un certain nombres d'habitants de l'est vers l'ouest, mais pour quelles raisons ????
L'histoire raconte celle d'un mec qui franchit ce rideau. Chouette roman d'aventure.

Edit par Gozier (04 Mar 2021)

Vermine
Fourmi

Grey-Che - 04 Mar 2021

+1 pour Bordage. Je suis d'ailleurs en train de relire Abzalon et Orchéron en ce moment, c'est toujours aussi bon smiley79

Tingle tingle kooloo limpah
KamiOngaku

Marc Ferro est mort. L'occasion d'accuser publiquement Beauce de m'avoir fait acheter et m'infliger les 600 ou 700 premières pages de son horrible Histoire de France, grande déception et vraiment pénible à lire.

Brosse le caniveau
Beauce_de_Findenivot

KamiOngaku - 22 Apr 2021

Philistin smiley86

Bon j'avoue, il était sans doute meilleur sur des essais plus courts comme "Comment on raconte l'histoire aux enfants", "L'Histoire sous surveillance" ou "Le Ressentiment dans l'Histoire".
Celà dit, ça fait longtemps que je ne l'ai pas relu, il faudrait que je m'y replonge à l'occasion.

Che vais en vacanches en greyche
Grey-Che

Gozier - 04 Mar 2021
Fourmi - 04 Mar 2021

J'ai oublié de répondre sorry, merci pour les retours je vais checker ça. smiley130

SaPRophiLe
VeRSatiL

Fraîchement arrivé

IMG_20210517_1556159702.jpg

triquiqette
Triquy

J'ai lu Et quelquefois j'ai comme une grande idée, de Ken Kesey.
L'auteur de Vol au dessus d'un nid de coucous (que j'ai pas lu).
Excellent. Ca fait penser en roman américain à Steinbeck (ancrage fort dans un lieu particulier des USA, ici l'Oregon plutôt que la Californie chez Steinbeck, légende familiale, personnages plutôt CSP -) et Faulkner dans la narration, les monologues internes (en moins opaque quand même), la crasse psychologique d'un des personnages, avec un côté tragédie shakespearienne (largement cité)
Histoire de famille dans une ville de bucherons avec un intello qui retourne dans sa famille se venger de son beau frère qui baisait sa mère quand il était gosse.
Plein de personnages tous très bien dépeints, et surtout une narration géniale façon alternance d'époques et de point de vue d'une manière extrêmement fluide. Début de paragraphe narrateur externe, passage monologue interne en italique d'un personnage, parenthèses avec passage en interne à un autre personnage...
Pour donner une comparaison c'est comme la horde du contrevent en plus fluide et sans aucun besoin d'un marque page pour savoir qui parle à quel moment parce que chaque personnage est clairement identifiable.


J'ai enchaîné avec Trilogie New Yorkaise de Paul Auster, bien aimé, surtout la première partie, je suis assez friand des jeux avec le lecteur, des fausses biographies et fausses critiques ou faux résumés de livres imaginaires.

J'attaque l'arc en ciel de la gravité de Pynchon maintenant. 30 pages et je comprends déjà rien smiley21

Warpig

Triquy - 15 Jun 2021

je ne connaissais pas, j'ai lu le contexte sur wikipédia, je suis intrigué

...dont Tyrone Slothrop, capable de prédire ou pressentir le lieu de bombardement sur Londres grâce à de fulgurantes érections : bientôt, il suscite l'intérêt des scientifiques alliés

smiley14

Invité(e)
Profil Supprimé

https://www.lemonde.fr/livres/article/2 … _3260.html

smiley115 Si on récupère la suite de Casse-pipe smiley80
Si quelqu'un est abonné au monde, intéressé par l'article entier smiley120

Edit par Seif (05 Aug 2021)

triquiqette
Triquy

Profil Supprimé - 05 Aug 2021

J'ai vu ça hier pepe_cry
Des inédits de Céline putain pepe_cry
Bon visiblement va falloir attendre un peu y'a des procès des ayants droits en cours

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo
Cat_de_Goutiere

Vivement le déchaînement des gauchistes sur Twitter.

Nintentraumatisé
Cheftrottoir

Des pistes pour commencer en douceur du Céline ? Parce que ça a l'air assez particulier.

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo

Cheftrottoir - 05 Aug 2021

Difficile de ne pas te conseiller autre chose que voyage au bout de la nuit

triquiqette
Triquy

Cheftrottoir - 05 Aug 2021

Voyage au bout de la nuit ou mort à crédit

ancien con embêtant
Ancien-Combattant

Inspecteur_Gadjo - 05 Aug 2021
Difficile de lui conseiller autre chose tu veux dire ?

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo

Ancien-Combattant - 05 Aug 2021

C'est une double négation correcte, non ? smiley44

Papa rapide (10 minutes douche comprise)
Drich

Profil Supprimé - 05 Aug 2021

ENQUÊTE
Disparus en 1944, des milliers de feuillets inédits de l'écrivain, auteur de « Voyage au bout de la nuit » et de « Mort à crédit », viennent de resurgir dans des circonstances étonnantes. « Le Monde », qui révèle cette découverte, a remonté leur piste de la Libération à aujourd'hui.

Il l'a hurlé si fort et si souvent que même ses plus fervents admirateurs avaient fini par en douter. Et pourtant, jusqu'à son dernier souffle, Louis-Ferdinand Céline, mort en 1961, n'a cessé de le répéter : en 1944, alors qu'il venait de s'enfuir en catastrophe vers l'Allemagne nazie avec les ultras de la Collaboration, des pillards ont forcé la porte de son appartement de Montmartre et lui ont volé de volumineux manuscrits, pour une large part inédits. Parmi eux, a-t-il toujours proclamé, celui de Casse-pipe, le roman qui devait former un triptyque avec ses deux chefs-d'œuvre Voyage au bout de la nuit (1932) et Mort à crédit (1936). Seules quelques pages de ce roman étaient parvenues jusqu'à nous.

Oui, Céline l'a hurlé sur tous les tons. Dans D'un château l'autre, en 1957 : « Ils m'ont rien laissé… pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit… » Dans une lettre à son ami Pierre Monnier, en 1950 : « Il faut le dire partout si Casse-pipe est incomplet c'est que les Epurateurs ont balancé toute la suite et fin, 600 pages de manuscrit dans les poubelles de l'avenue Junot. » Et d'ajouter que ces « pillards » avaient également dérobé un épais manuscrit intitulé La Volonté du roi Krogold, quasiment inédit lui aussi. Quelques jours avant sa mort, le romancier écrivait encore dans Rigodon : « On m'a assez pris, on m'a assez dévalisé, emporté tout ! Hé, je voudrais qu'on me rende ! »

Louis-Ferdinand Céline et sa femme Lucette Destouches, devant leur maison,à Meudon (Hauts-de-Seine), en 1955.
Louis-Ferdinand Céline et sa femme Lucette Destouches, devant leur maison,à Meudon (Hauts-de-Seine), en 1955. BERNARD LIPNITZKI / ROGER VIOLLET.
Lui « rendre » ? Depuis 1944, tout ce que la « Célinie » compte de biographes, d'exégètes et de marchands d'autographes a tenté de remonter la piste de ce trésor de papier. Ils ont interrogé les survivants du Montmartre de la Libération. Retrouvé des descendants des fameux « épurateurs ». Guetté le moindre indice dans les ventes aux enchères de province. En vain. Les manuscrits avaient bel et bien disparu. A tout jamais, avait-on fini par se résigner.

Légende noire
Restait donc la légende de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), qui, avec Voyage au bout de la nuit et sa « trilogie allemande » d'après-guerre – D'un château l'autre, Nord et Rigodon – est considéré comme un géant littéraire du XXe siècle. Restait aussi une légende noire, celle de l'auteur de terribles pamphlets antisémites – Bagatelles pour un massacre (1937), L'Ecole des cadavres (1938) –, qui s'est exilé six années au Danemark pour échapper à la prison. Reste enfin l'image du « clochard de Meudon » finissant sa vie dans la maison de la banlieue ouest de Paris, au milieu de ses chiens, en vitupérant un monde qui lui faisait horreur.

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Le 8 novembre 2019, la mort, à l'âge de 107 ans, de l'ex-danseuse Lucette Destouches, veuve du sulfureux romancier, a semblé mettre un terme à tout espoir de retrouver un jour ces fameux manuscrits. Personne ne s'en doute alors, mais cette disparition va au contraire relancer l'histoire de manière inattendue.

Quelques mois plus tard, en effet, un homme prend contact en toute discrétion avec l'avocat parisien Emmanuel Pierrat, spécialiste reconnu du monde de l'édition. Cet homme s'appelle Jean-Pierre Thibaudat. Ce critique dramatique, auteur de nombreux ouvrages sur le théâtre, a longtemps officié à Libération, avant d'en partir en 2006. Il n'est pas connu comme « célinien », mais ce qu'il révèle ce jour-là à Me Pierrat est stupéfiant.

Il le raconte aujourd'hui au Monde : « Il y a de nombreuses années, un lecteur de Libération m'a appelé en me disant qu'il souhaitait me remettre des documents. Le jour du rendez-vous, il est arrivé avec d'énormes sacs contenant des feuillets manuscrits. Ils étaient de la main de Louis-Ferdinand Céline. Il me les a remis en ne posant qu'une seule condition : ne pas les rendre publics avant la mort de Lucette Destouches, car, étant de gauche, il ne voulait pas "enrichir" la veuve de l'écrivain. »

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Quand ce don a-t-il eu lieu ? « Il y a plus de quinze ans, je travaillais encore à Libération », assure Jean-Pierre Thibaudat, sans autre précision. Est-il vraiment possible de détenir de tels documents sur une aussi longue période sans en parler à quiconque ? « Oui », jure-t-il. Qui était ce mystérieux donateur ? « Secret des sources », répond-il en souriant. A-t-il demandé une contrepartie financière ? « Pas un centime. »

Un mètre cube de papier
De retour chez lui, le journaliste examine les feuillets épars. Certains sont rongés par l'humidité, sans doute après un séjour prolongé dans une cave. L'ensemble représente environ un mètre cube de papier. « Il y avait des milliers de pages, un peu en vrac, et il m'a fallu des mois uniquement pour les classer », poursuit-il. Certaines liasses de feuillets sont encore reliées entre elles par les pinces à linge en bois que l'écrivain utilisait rituellement. C'est seulement alors que M. Thibaudat prend vraiment la mesure de ce qu'il a entre les mains.

Il y a là les 600 feuillets du fameux Casse-pipe, un gros roman inconnu intitulé Londres, 1 000 feuillets de Mort à crédit et des dizaines d'autres écrits et documents. « Une découverte littéraire comme il en arrive rarement en un siècle », estime Me Pierrat. « Un événement inouï », surenchérit Emile Brami, biographe de Louis-Ferdinand Céline.

Parmi les documents authentifiés, on trouve un millier de feuillets manuscrits de « Mort à crédit ».
Parmi les documents authentifiés, on trouve un millier de feuillets manuscrits de « Mort à crédit ». JÉRÔME DUPUIS
La première page du manuscrit de « Mort à crédit ».
La première page du manuscrit de « Mort à crédit ». JÉRÔME DUPUIS
Pendant des années, sans en parler à quiconque, Jean-Pierre Thibaudat retranscrit les manuscrits. « Je suis arrivé à plus d'un million de signes, soit l'équivalent d'un livre de 600 pages », précise-t-il. Et puis, donc, survient la mort de Lucette Destouches, à l'automne 2019. L'heure est venue de dévoiler l'existence de ces documents. Me Pierrat entre alors en relation avec les deux ayants droit de la veuve de Céline.

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L'un, François Gibault, avocat âgé de 89 ans, est l'auteur de la biographie de référence de l'écrivain. Depuis les années 1960, il a défendu son amie Lucette Destouches au milieu des tempêtes – et il y en eut, notamment à propos des fameux pamphlets. L'autre ayant droit est une femme de 69 ans, Véronique Chovin, une amie de la vieille dame, laquelle fut sa professeure de danse dans sa jeunesse. Depuis trente ans, il n'était pas une semaine, parfois pas un jour, sans que Véronique Chovin « monte » voir « Mme Céline », route des Gardes, à Meudon (Hauts-de-Seine). Les deux femmes publieront d'ailleurs un livre ensemble chez Grasset, en 2001. « Voilà soixante-quinze ans que l'on se demandait où étaient passés les manuscrits de Céline disparus à la Libération : l'annonce de leur redécouverte a été un véritable choc pour nous », confie François Gibault au Monde.

Plainte pour recel de vol
Le 11 juin 2020, une rencontre entre les deux ayants droit et Jean-Pierre Thibaudat est organisée au cabinet de Me Pierrat, boulevard Raspail, à Paris. Abasourdi, François Gibault, qui a pisté ces manuscrits un demi-siècle durant, se dit partisan de leur publication chez Gallimard. M. Thibaudat précise qu'il aimerait ensuite les remettre à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine, un centre d'archives littéraires installé dans une abbaye près de Caen, qui dispose déjà d'un copieux fonds Céline. « Je n'ai jamais envisagé une seconde de les vendre », insiste-t-il. Une précision importante quand on sait le prix atteint par la moindre page de cet écrivain sur le marché. « La valeur de ces inédits se chiffre en millions d'euros », souffle un expert.

Ce jeudi de juin 2020, pourtant, rien ne se passe comme prévu. Au sortir du rendez-vous, Véronique Chovin s'indigne : « Lucette aurait été scandalisée par ce qui est train de se passer. Ces manuscrits ont été volés et lui revenaient de droit. En conséquence, ils doivent aujourd'hui être restitués à ceux qui défendent ses droits moraux et patrimoniaux. A nous de décider de leur sort. »

Début 2021, l'affaire prend un tour judiciaire. Mme Chovin et M. Gibault mandatent un avocat, Jérémie Assous, pour récupérer le trésor célinien. « Pourquoi M. Thibaudat pourrait-il disposer à sa guise de manuscrits qui ont été volés à la Libération ? Comment pourrait-il en ignorer l'origine, alors qu'il suffit de s'intéresser un tant soit peu à Céline pour le savoir ? », justifie Me Assous. Dans la plus grande discrétion, tous trois décident donc de porter plainte pour recel de vol devant le tribunal de grande instance de Paris.

Un ami des nazis
Au cœur de ce litige judiciaro-littéraire une question cruciale : comment ces textes ont-ils refait surface soixante ans après la mort de leur auteur ? Pour tenter de percer ce mystère, il faut revenir au début du mois de juin 1944, à Montmartre, plus exactement dans l'appartement que Céline et son épouse occupent au cinquième étage d'un immeuble de la rue Girardon, à deux pas du Moulin de la Galette.

Depuis le début de la guerre, on ne peut pas dire que l'écrivain se soit fait discret. Il a réédité ses pamphlets antisémites, réclamé à cor et surtout à cris que ses ouvrages soient montrés à la terrible exposition « Le Juif en France » (qui s'est tenue du 5 septembre 1941 au 15 janvier 1942) et fréquenté l'ambassade d'Allemagne. S'il n'a pas collaboré au sens « technique » du terme – trop maladivement indépendant pour cela –, il passe pour être l'un des plus célèbres amis français des nazis.

Ce printemps 1944 se présente donc plutôt mal pour lui. Le Débarquement n'a pas encore eu lieu que de petits cercueils arrivent déjà dans sa boîte à lettres. « On serait resté rue Girardon on aurait tout de suite eu notre compte… la "corrida" fignolée… écorcherie à vif, premier temps… Second temps, lardé à la broche, et aux petits oignons, piments, au petit feu », écrira-t-il dans Rigodon.

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Céline, activiste et délateur hitlérien
Alors, au matin du 6 juin, tandis que les Américains débarquent en Normandie, sa décision est prise : il faut filer au plus vite en Allemagne et de là au Danemark, où il s'est constitué une réserve d'or, enterrée dans le jardin d'une amie. Prévoyant, il dispose de faux papiers au nom de Louis-François Deletang. Idem pour Lucette Destouches, rebaptisée Lucile Alcante.

Le 8 juin, il récupère un laissez-passer des autorités allemandes avant de filer au Crédit lyonnais retirer ses dernières pièces d'or. Sa femme les coud dans un gilet qu'il ne quittera plus durant de longs mois de « cavale ». Il a juste le temps d'aller dire adieu à sa vieille amie Arletty. Entre l'écrivain sur le point de fuir et la comédienne pressentant que ses amours passionnées avec son beau nazi Hans Jürgen Soehring lui préparent des semaines difficiles, la conversation dut être quelque peu fataliste.

Lire le reportage :
Céline à la lettre
Enfin, Céline prend la précaution de confier certains manuscrits – Guignol's band II et quelques pages de Casse-pipe – à la fidèle Marie Canavaggia, sa secrétaire particulière chargée depuis toujours de mettre ses romans au propre. Il a vendu celui de Voyage quelques mois plus tôt à un galeriste parisien contre un petit tableau de Renoir et 10 000 francs. Mais d'énormes liasses de feuillets restent rue Girardon, posées sur une armoire. Parmi elles, l'essentiel de Casse-pipe, La Volonté du roi Krogold, Mort à crédit et des centaines d'autres pages…

Rejoindre le maréchal Pétain
Le 17 juin 1944, Céline et Lucette Destouches glissent leur chat Bébert dans une besace et filent gare de l'Est, direction Baden-Baden, où ils seront bientôt rejoints par un ami, le comédien Robert Le Vigan. L'étape suivante les conduira à Sigmaringen, où ils retrouveront le maréchal Pétain et ses derniers fidèles, tous férocement portraiturés, plus tard, dans D'un château l'autre.

Arrive la libération de Paris. Le 25 août, le général de Gaulle prononce son fameux discours devant l'Hôtel de ville. Sur la butte Montmartre, des résistants des Forces françaises de l'intérieur élisent la brasserie Junot comme quartier général. On y fait défiler tous ceux que l'on soupçonne d'avoir collaboré avec l'ennemi. Et, à l'occasion, on perquisitionne leurs logements, de façon plus ou moins légale. C'est sans doute entre le 25 et le 30 août 1944 que des résistants vont ainsi se rendre dans l'appartement de Céline. Question cruciale : lequel d'entre eux est reparti avec les manuscrits sous le bras ?

Une page du manuscrit de « Mort à crédit ».
Une page du manuscrit de « Mort à crédit ». JÉRÔME DUPUIS
L'écrivain avait sa petite idée : « Oscar Rosembly, juif corse, qui volait les chaussures à Popol [Gen Paul, peintre montmartrois et grand ami de Céline], et qui est venu après mon départ ravager mon appartement », écrit-il le 26 mai 1949 à un autre ami, Henri Mahé. Il en fera même le personnage du « juif Alexandre » dans une version primitive de Féerie pour une autre fois (1952). Cette hypothèse est corroborée par le professeur Henri Godard, grand spécialiste de Céline, dans son édition de la Correspondance de l'écrivain en Pléiade : « Le pillard de la rue Girardon est Rosembly. »

Oscar Rosembly et ses secrets
Qui est cet Oscar Rosembly ? Il a vu le jour le 4 avril 1909 à Poggiolo, un village corse perché à flanc de montagne entre Ajaccio et Corte. Selon le Dictionnaire de la correspondance de Louis-Ferdinand Céline (Du Lérot, 2012), cet esprit original a été successivement employé d'une entreprise de tuyauterie, journaliste pour Gringoire ou Vogue, puis employé à la mairie du 9e arrondissement de Paris. Il aurait également travaillé auprès de Camille Chautemps, ministre du Front populaire.

Pendant la guerre, Rosembly est proche du peintre Gen Paul, chez lequel il se cache, en raison de ses lointaines origines juives. Il monte de temps à autre chez Céline, domicilié juste en face, pour manger des bretzels ou faire les comptes de l'écrivain. « Cela paraît fou, mais Céline, auteur de pamphlets antisémites, avait choisi Rosembly pour tenir sa comptabilité, justement parce qu'il pensait qu'il était juif ! », commente Emile Brami.

Lire aussi  :
Libération de Paris, 25 août 1944 : « Je viens de les voir. J'en ai les yeux pleins de larmes »
A peine Paris libéré, voilà que Rosembly réapparaît en lieutenant FFI à Montmartre. Avec quelques comparses, il profite de la confusion générale pour « visiter » les appartements de personnalités en fuite. Le dessinateur d'extrême droite Ralph Soupault y a droit. Le comédien Robert Le Vigan, speaker à Radio-Paris, aussi, qui désignera d'ailleurs nommément Rosembly dans un texte manuscrit de six pages versé à la justice. Et, donc, Louis-Ferdinand Céline.

Ces « perquisitions » ne vont pas passer inaperçues. Le 5 septembre 1944, Rosembly est arrêté. Selon un procès-verbal de l'époque, que Le Monde a pu consulter, on lui reproche ses « agissements malhonnêtes ». Il est même incarcéré à Fresnes. « Et, pour qu'un résistant soit emprisonné en 1944, il fallait vraiment qu'il ait fait des choses graves », observe Emile Brami.

Rosembly finit pourtant par sortir de prison et file se faire oublier un temps de l'autre côté de l'Atlantique. Une légende prétend même qu'il deviendra une sorte de gourou en Californie. Plus tard encore, il aurait travaillé pour Dior. Des habitants de Poggiolo, où il revint s'installer à la fin de sa vie, se souviennent l'avoir vu méditer pieds nus dans la montagne et se baigner dans le plus simple appareil dans la fontaine du village. Il meurt en 1990, emportant avec lui tous ses secrets.

La piste corse
Un homme, pourtant, va tenter de les percer. Une dizaine d'années plus tard, Emile Brami, qui tient alors sa librairie « célinienne » du côté de Montparnasse, essaie de remonter la piste Rosembly. « En 1999, j'ai identifié 160 Rosembly dans l'annuaire et leur ai écrit, raconte-t-il. Un jour, j'ai reçu une réponse qui m'a permis de retrouver la fille d'Oscar, Marie-Luce. Elle habitait à Corte, et pendant des années nous avons conversé par téléphone une fois par semaine. Elle m'a dit que son père conservait des archives dans des boîtes entreposées dans sa maison du maquis. Elle m'a parlé de Casse-pipe et de La Volonté du roi Krogold. Quand je lui ai demandé à voir ces pièces, elle a tout d'abord semblé accepter, avant de se rétracter au dernier moment. Je n'ai jamais pu la rencontrer physiquement. »

Ayant eu vent de cette piste, l'auteur de ces lignes sollicite à son tour Marie-Luce Rosembly. En 2003, une première rencontre a lieu à Paris, puis une autre à Corte, avec l'espoir d'accéder enfin aux fameuses « boîtes ». Mais, au dernier moment, la visite prévue dans la maison corse d'Oscar Rosembly est annulée. Marie-Luce Rosembly a elle aussi emporté ses mystères avec elle : elle s'est éteinte le 4 novembre 2020, à Corte.

Page du manuscrit inédit de « Casse-pipe », roman que l'on croyait définitivement perdu depuis la guerre. Ce texte devait former un triptyque avec « Voyage au bout de la nuit » et « Mort à crédit ».
Page du manuscrit inédit de « Casse-pipe », roman que l'on croyait définitivement perdu depuis la guerre. Ce texte devait former un triptyque avec « Voyage au bout de la nuit » et « Mort à crédit ». JPT
Les manuscrits exhumés par Jean-Pierre Thibaudat proviennent-ils, directement ou après quelques détours, d'Oscar Rosembly ? Ou, autre piste, viennent-ils d'Yvon Morandat, un grand résistant, proche de Jean Moulin, qui, début septembre 1944, réquisitionne l'appartement de Céline dans lequel il vivra ensuite plusieurs années ? L'écrivain lui-même l'a suspecté un temps : « Mon occupant rue Girardon m'a foutu à la poubelle la suite manuscrite de Guignol's et encore trois autres romans en train ! C'est un dénommé Morandat ami de De Gaulle », écrit-il le 4 septembre 1947 à son ami Henri Poulain.

Mais lorsque le romancier rentre en France, en 1951, après son exil danois et l'amnistie dont il vient de bénéficier, Morandat le contacte pour lui restituer des manuscrits trouvés rue Girardon. Refus de Céline : selon lui, il ne s'agirait que d'« épreuves-brouillons ». « Ce sont les définitifs manuscrits qui m'ont été secoués par les épurateurs chez moi ! Vous savez que je fais taper trois ou quatre fois de suite mes chers romans, j'épure, j'épure, j'épure, un boulot de Chinois ! », écrit-il, furieux, à son ami Pierre Monnier, le jour de Noël 1950. Morandat souhaite aussi lui restituer ses meubles, entreposés dans un garde-meuble depuis la guerre. Là encore, refus obstiné de Céline.

Coup de théâtre
Alors, Rosembly ? Morandat ? Ou, pourquoi pas, d'autres « résistants » montmartrois qui auraient subtilisé les documents plus tôt, en juin ou en juillet 1944 ? L'homme mystérieux qui les a remis au journaliste de Libération serait-il le descendant de l'un d'entre eux ? « Secret des sources », répète Thibaudat. Une chose semble certaine, néanmoins : les « manuscrits Thibaudat » sont bien ceux qui étaient posés sur l'armoire de la rue Girardon. Et ce sont eux qui, en 2021, se retrouvent donc au cœur d'un imbroglio judiciaire.

A la suite de la plainte pour recel déposée par les ayants droit de Céline, Jean-Pierre Thibaudat est convoqué, en mars, au siège de l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) à Nanterre. Comment est-il entré en possession de ces manuscrits, lui demandent les enquêteurs ? « Secret des sources ». Mais, coup de théâtre, le journaliste n'est pas venu les mains vides. Il a décidé de remettre à la justice la totalité des documents en sa possession.

Ce jour-là, cinq policiers comptabilisent un à un les feuillets. Il leur faudra plus d'une heure pour mener à bien cette tâche… « Vous savez, je ne me suis jamais senti propriétaire de ces manuscrits, assure M. Thibaudat au Monde. J'en ai été le dépositaire accidentel. Ma seule crainte était qu'ils disparaissent dans un incendie. Mon plaisir a été de les retranscrire pendant des années et des années. Cela n'a pas de prix. »

Quelques semaines plus tard, les enquêteurs mandatent la directrice du département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (BNF), Isabelle Le Masne de Chermont, pour expertiser ces documents. Verdict : ils sont bien de la main de Céline. Le procureur de la République ordonne qu'ils soient restitués aux ayants droit de Lucette Destouches. Le 19 juillet, Véronique Chovin et François Gibault se rendent donc au siège de l'OCBC. Ils en repartent avec trois grands sacs Carrefour remplis de pages.

« Ce fut un moment très particulier, raconte Véronique Chovin. Tout le monde pensait que ce trésor avait définitivement disparu. Enfin, non, pas tout le monde. Lucette me disait souvent : "Tu verras, après ma mort, des choses vont ressortir !" Elle avait raison. » François Gibault peine lui aussi à cacher son trouble : « Avoir enfin entre les mains ces pages noircies par Céline est très émouvant. Une fois de plus, même si beaucoup en doutaient, Céline avait dit vrai : on lui avait bien volé ses manuscrits à la Libération. »

Céline et Lucette Destouches, avec un hérisson et un chien, devant leur maison, à Meudon (Hauts-de-Seine), en août 1952.
Céline et Lucette Destouches, avec un hérisson et un chien, devant leur maison, à Meudon (Hauts-de-Seine), en août 1952. DANIEL FRASNAY / AKG
Que vont-ils devenir ? François Gibault et Véronique Chovin envisagent de donner l'intégralité de Mort à crédit à la BNF sous forme de dation, ce qui permettrait au passage de régler les frais de succession inhérents à cette découverte. Ce manuscrit rejoindrait ainsi celui de Voyage au bout de la nuit, préempté par l'Etat en 2001 lors d'une vente aux enchères, où il s'était envolé à plus de 1,8 million d'euros. Quant aux autres manuscrits, ils devraient faire l'objet de publications, sans doute chez Gallimard. Les éditions de Céline en « Bibliothèque de la Pléiade » devraient également être revues, tant ce nouveau fonds va modifier tout ce que l'on croyait connaître de la genèse de ses romans, à commencer par celle de Voyage au bout de la nuit.

Soixante ans après sa mort, du fond de sa tombe du cimetière des Longs-Réages, à Meudon (Hauts-de-Seine), Louis-Ferdinand Céline doit savourer cet incroyable coup du destin. Et se remémorer sa supplique prophétique : « Hé, je voudrais qu'on me rende ! » C'est désormais chose faite.

triquiqette
Triquy

Incroyable putain. Je me souviens déjà y'a dix ans quand un inédit de Rimbaud d'une page était sorti ça avait été un événement.
La un roman complet pepe_stress

Si y'a le roi krogold en plus cette folie pepe_stress c'était un des plus beaux passages de mort à crédit

Invité(e)
Profil Supprimé

Drich - 05 Aug 2021

Merci beaucoup smiley130

@Chef : comme les autres je te conseille de commencer par le Voyage, puis Mort à crédit

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo

Meilleure nouvelle de 2021, merci pour l'article putain smiley135

Invité(e)
Profil Supprimé

Triquy - 05 Aug 2021

Il y a là les 600 feuillets du fameux Casse-pipe, un gros roman inconnu intitulé Londres, 1 000 feuillets de Mort à crédit et des dizaines d'autres écrits et documents.

Le reste de Casse-pipe + Londres (c'est bien précisé inconnu donc c'est sûr pas guignol's band 1/2) + d'autres écrits smiley135
L'attente va être difficile.

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo

Un roman inédit de Céline en 2021, quelle vie miracle

Je pense à clubpop sous la douche
superframboisier

En parlant de Celine, j'avais trouve Voyage au bout de la nuit complètement dingue (je devais avoir 20 piges), Mort a Credit beaucoup moins marquant. Faudrait peut-être que je le relise. Ce sont les deux seuls de lui que j'ai lu.

Vu que j'ai déjà fait le starter pack néanmoins, quels sont les conseils de degrama pour le reste de son oeuvre ? smiley4

triquiqette
Triquy

Profil Supprimé - 05 Aug 2021

C'est peut être la 3e partie de guignol's band dont il parle dans le livre
Après le mec dit avoir rassemblé 600 pages on va peut être pas s'exciter sur deux romans complets + un conte smiley16


Superframboisier : perso j'adore la trilogie allemande (d'un château l'autre, nord et rigodon)
Les 3 peuvent se lire à peu près indépendamment

Invité(e)
Profil Supprimé

Triquy - 05 Aug 2021

Ce que je comprends là c'est 600 feuillets juste pour Casse-pipe, sans avoir de précision sur la longueur du Londres et du reste. J'espère avoir bien compris smiley95

@framboisier j'ai pas encore lu la trilogie allemande, mais sinon tu peux aussi essayer guignol's band 1/2. Je te déconseille Féerie 1/2 par contre, sauf si t'es vraiment motivé. Casse-pipe est à lire aussi mais maintenant autant attendre que le roman soit complet. Et puis retenter Mort à crédit n'est pas une mauvaise idée smiley130

Edit par Seif (05 Aug 2021)

triquiqette
Triquy

Profil Supprimé - 05 Aug 2021

Un mètre cube de manuscrits smiley34

Novad-19

On est certain que c'est bien de lui ?

La Triforce de la sudation
TS_JBG

NoVa - 05 Aug 2021

L'article dit que ça a été authentifié

Novad-19

TS_JBG - 05 Aug 2021

D'accord merci.

Céline pepe_feelsgood

Bon en vrai je n'ai lu aucun de ses livres, mais Voyage au bout de la nuit m'attend depuis quelque temps, je m'y mets tout de suite smiley34 (après avoir fini Moby Dick).

Je pense à clubpop sous la douche
superframboisier

Merci Triquy et Seif smiley21

Papa rapide (10 minutes douche comprise)
Drich

Ce que j'ai lu pendant les vacances (bon y'a pas tout sur l'image) :

tbMT-C03

1/ Or Noir, la grande histoire du pétrole

Excellente lecture de l'été grâce à Vincent Edin de Usbek & Rica, retraçant en 760 pages l'histoire du pétrole, des premiers puits US jusqu'au peak oil des années 2010/20. Travail immense de Matthieu Auzanneau, ce livre se lit malgré tout comme une bonne série, avec un suspens croissant et pour ma part pas mal de révélations à la croisée de la géopolitique, de la grande stratégie et de la prospective pour le monde à venir dans ses grandes contraintes climatiques.

Si le rapport du GIEC vous a interpellé, ce livre offre quelques clés de lecture sur les raisons qui portent à croire que le monde d'après va demander beaucoup d'énergie et d'activisme pour pointer le bout de son petit nez.

2/ Le Triomphe de l'injustice

Analyse des évolutions de la fiscalité aux Etats-Unis par un groupe de chercheurs connus pour avoir travaillé avec Thomas Piketty.
Ils montrent qu'en prenant en compte tous les prélèvements (impôts directs et indirects, du capital, du travail, taxes diverses notamment sur la consommation) les 1% les plus riches aux Etats-Unis sont moins prélevés que les 10% les plus pauvres et que les classes moyennes !!
Ils reviennent sur l'évolution de la fiscalité aux USA, j'ai notamment appris qu'avant Reagan les USA ont connu des périodes où les très hauts revenus étaient taxés en tranche marginale à plus de 90%. Les "reaganomics" et la réforme fiscale de Trump ont achevé de transformer la société US pour un modèle du genre sur l'existence d'inégalités, qui je vous le donne en 1000, ont explosé depuis que les prélèvements envers les plus riches ont été allégés.
J'ai vraiment appris plein de choses dans ce livre, les auteurs terminent littéralement par ce qui pourrait être un programme politique sur l'économie et la fiscalité.

3/ Peuple, Pouvoir et Profits

Fort, très fort. Un exposé de 300 pages sur ce qui ne fonctionne pas dans l'économie américaine et la mondialisation par Stiglitz, prix Nobel d'économie, ancien administrateur de la Banque Mondiale. Ca tape fort sur le capitalisme. C'est assez haut niveau, puisque ça se veut couvrir un maximum de sujets en un minimum de pages, mais ça bat en brèche le "il faut laisser faire le marché". Charge très dure contre Trump, pour le démantèlement des GAFA, et analyse très intéressante des mécanismes de marché et comment des situations de monopoles se sont reconstituées dans de nombreuses industries au détriment du pouvoir des consommateurs.

4/ Adieu à la croissance

Pour ceux qui s'intéressent à comment changer le système, analyse très macro (le livre est court) sur les impasses des KPIs poussés par le capitalisme et la nécessité donc de piloter nos sociétés différemment, sous l'angle d'une soutenabilité jamais prise en compte dans les modèles économiques qui prônent le "sans limite".

5/ L'illusion de la finance verte

Ecrit par un associé de Carbone4 avec un initié de la finance de marché, dense explication sur pourquoi il faut faire plier la finance car la solution à nos problèmes de financements de projets "verts" ne viendra pas d'elle. Dis autrement, les obligations vertes sont un énorme pipeau puisqu'il est impossible de flécher l'argent vers des projets écologiques. De plus, les projets écologiques sont systématiquement moins rentables que leurs cousins gris à projet équivalent, et qu'aucun mécanisme d'arbitrage n'est prévu pour palier à cette situation.
Enfin, devant les limites du nombre de projets verts, la finance a essayé d'élargir la dénomination pour aller vers le RSE, pour intégrer des projets sociaux pipeau.
Un peu technique par moment.

6/ et 7/ Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles ; Plaidoyer (impossible) pour les socialistes

Deux livres de Bernard Maris, sur le même ton acerbe. Le premier démolit les différents théoriciens de l'économie et du "laisser-faire le marché", le second retrace l'histoire du socialisme (intéressant) et questionne : est-il possible d'être encore socialiste aujourd'hui, et comment ?
Pour ceux qui ont connu ses chroniques dans Charlie Hebdo, toujours cette prose très moqueuse tout en distillant quelques pépites.

8/ Pour vivre heureux, vivons égaux

Un peu le livre sous-jacent du Triomphe de l'Injustice qui montre (sous une foultitude d'études très bien détaillées) que c'est dans les sociétés égalitaires que les gens vivent plus longtemps, vivent plus longtemps en meilleure santé, que les enfants sont les plus heureux, que le taux d'alphabétisation est le plus élevé etc etc. Ca peut paraître évident (quoique), l'ouvrage a le mérite de très bien défendre sa thèse avec de nombreux arguments issus de recherches scientifiques.

9/ Pour un catastrophisme éclairé

J'abordais ce livre sans doute avec trop de confiance, c'est très complexe, philosophique, sur notre gestion par exemple de la fin du monde annoncée par le GIEC. Sincèrement, je n'ai pas compris grand chose et j'ai dû me taper un profil de l'oeuvre pour essayer de comprendre ce qu'avait voulu dire l'auteur…

10/ Laudato si

Gaël Giraud parle souvent de ce livre du pape François dans ses interviews. En 200 pages, le pape François explique pourquoi l'écologie est inscrite dans les valeurs chrétiennes. Il montre également que l'écologie amène à requestionner notre rapport au monde et aux autres : on ne peut pas être "écolo" sans militer pour l'égalité et pour la lutte contre la pauvreté. Ces combats sont liés.


J'espère que certains ouvrages attiseront votre curiosité.

Edit par Drich (23 Aug 2021)

Je pense à clubpop sous la douche
superframboisier

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Roman de SF sorti cette année, par l'auteur de The Martian. On retrouve un peu la thématique du cosmonaute qui se retrouve seul dans une situation difficile, et qui doit faire usage de ce qu'il a sous la main au mieux pour s'en sortir.

Le pitch de depart est insipire de Sunshine, mais une bonne partie du bouquin est beaucoup plus proche de

Arrival


Il y a des défauts, mais j'ai rarement été autant aspiré par un bouquin.
Le livre est construit pour être un "page turner" avec des rebondissements a la fin d'un chapitre sur deux a peu pres. L'univers est suffisamment travaillé pour paraitre crédible a quelqu'un ayant un vernis un peu rouillé de physique et d'ingénierie comme moi. Les personnages sont incroyablement attachants, avec beaucoup de situations marquantes oscillant entre feelsbad et pepe_cry

Lorsque l'humanité fait peter des bombes H en Antarctique pour relâcher le methane piégé dans la glace dans l'atmosphere, en espérant retarder l'arrivée de l'ere glaciaire feelsbad
L'alien qui a passe 40 ans a se morfondre seul sur son vaisseau après que tous ses compagnons d'equipage aient perdu la vie feelsbad
Quand il se sacrifie pour sauver Grace pepe_cry

Invité(e)
Profil Supprimé

Drich - 23 Aug 2021

Les deux derniers m'intriguent depuis un certain temps (après visionnage d'interventions de Dupuy et de Giraud), mais là en particulier ce que tu dis sur Laudato si me rappelle certaines idées des Trois écologies de Guattari (bon petit livre, pas des plus simples à lire j'ai trouvé), dont la principale est qu'on ne pourra pas régler le problème de l'écologie environnementale sans traiter les problèmes qu'il appelle écologie mentale et écologie sociale (d'où le titre). Une petite citation du livre (de 1989) :

Guattari a écrit :

De même que des algues mutantes envahissent la lagune de Venise, de même les écrans de télévision sont saturés d'une population d'images et d'énoncés « dégénérés ». Une autre espèce d'algue relevant, cette fois, de l'écologie sociale consiste en cette liberté de prolifération qui est laissée à des hommes comme Donald Trump qui s'empare de quartiers entiers de New York, d'Atlantic City, etc, pour les rénover, en augmenter les loyers et les refouler, par la même occasion, des dizaines de milliers de familles pauvres, dont la plupart sont condamnées à devenir des « homeless », l'équivalent ici des poissons morts de l'écologie environnementales.

Je pense à clubpop sous la douche
superframboisier

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Récit sur les premières années d'existence de SpaceX (2002-2008), lorsque l'entreprise s'apparentait a une startup composée de nerds bricolant dans leur hangar (j'exagère a peine vu le peu de moyens qu'ils avaient par rapport au reste de l'industrie).
Le livres s'attarde beaucoup sur les mois entiers passés par les ingés sur l'atoll de Kwajalein dans le Pacifique, a 7000 km des cotes américaines. Les mecs ont quand même assemblé des fusées en travaillant sur des ilots perdus dans l'océan, avec des infrastructures rudimentaires, un support logistique hyper limite et un climat pas franchement clément pour du matos spatial (chaleur, corrosion marine) pepe_stress

C'est aussi une plongée dans la réalité de l'industrie spatiale et toutes les difficultés qui peuvent y survenir, le nombre de tuiles que se sont pris les mecs étant impressionant.
Le troisième vol qui foire a cause d'une malheureuse ligne de code dans le logiciel de guidage smiley46
Le lanceur de la dernière chance acheminé en catastrophe par avion cargo militaire, dont le réservoir implose en plein vol smiley52

Ca rend leur réussite finale d'autant plus admirable : seule une poigne d'industriels ont réussi ce qu'ils ont fait (placer une charge utile en orbite) avec infiniment plus de moyen et un soutien gouvernemental énorme.

Pas étonnant que ce que fait SpaceX aujourd'hui suscite autant de fascination, le parcours et les changements profonds qu'ils ont apporte a l'industrie spatiale forcent le respect chirac_lafrance 
Musk, cet alien qui oscille sans arrêt entre le génie et la folie furieuse smiley129

Tingle tingle kooloo limpah
KamiOngaku

Ça faisait un moment que je n'étais pas venu poster une lecture, mais j'ai terminé un livre hier qui m'a enthousiasmé comme ça ne m'était pas arrivé depuis un moment pour un auteur que je découvrais :

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Reco pas ultra originale, dans la mesure où le livre a eu le Goncourt, on n'est pas sur de la pépite cachée. Mais qu'est-ce que c'est bien !

On suit plusieurs jeunes, pendant quatre étés différents des années 90, dans la Lorraine industrielle (hauts fourneaux, tout ça), et en arrière-plan la vie de leurs parents. Et là où ça tape juste, c'est que l'auteur brosse des portraits de prolo sans tomber ni dans l'euphémisation, ni dans le mépris, ni dans la larmoyant. Il en vient, il les connaît, au fond il les aime dans leur médiocrité, et il te fait vivre ça avec une langue brillante (narration et dialogues, très bons).

Un propos social par-dessus (vu le titre, vous vous doutez, ça parle reproduction sociale), qui touche juste et sans trop de lourdeur.

Et sur la forme, c'est vraiment accessible même aux "petits" lecteurs, une ambiance un peu polar (son premier roman en était un, visiblement), des fins de chapitres qui donnent envie de commencer le suivant, etc. Ça se lit tout seul, mais avec du propos et du style. Et des bonnes scènes de cul, pour finir de convaincre les réticents.

Ceiling Clott is watching you masturbate
clott

Anne Rice  rip

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo

Bon qui a commencé anéantir ici ? Je peux pas y toucher avant plusieurs jours, je suis impatient.

Sinon, L'anomalie d'Hervé Le Tellier, goncourt 2020, grosse claque, on a l'impression de lire de la SF, petite inspiration matrix qui n'est pas pour me déplaire.

Edit par Inspecteur_Gadjo (12 Jan 2022)

BravoLeVeau

Pas encore lu Anéantir, mais L'anomalie très sympa, j'ai bien aimé aussi. Et j'ai trouvé la fin plutôt réussie, alors que c'est souvent là où le bât blesse d'habitude je trouve.
Le Goncourt de cette année est très bien aussi, le plus secrète mémoire des hommes, plus littéraire que L'anomalie mais aussi plaisant à lire (même si parfois l'auteur abuse sur les synonymes littéraires complètement désuets)

triquiqette
Triquy

BravoLeVeau - 12 Jan 2022

J'ai commencé le goncourt, c'est sympa. En lisant la 4e je me suis dit tiens tiens tiens y'en a un qui a lu Bolano. Et paf en incipit une citation des détectives sauvages (que je conseille chaudement, meilleur livre jamais, dans mon top 10 clairement)

J'ai lu le quart, j'aime bien mais je sais pas. C'est un peu poseur, ça manque de sincérité pour l'instant. C'est d'ailleurs son meilleur critique, et cette façon de se critiquer lui même pour désamorcer systématiquement me gonfle un peu, c'est un peu trop conscient pour me plaire à 100%.

Blabla je n'aime pas les critiques je n'aime pas les écrivains africains je n'aime pas les lecteurs mais je sais qu'en disant ça je suis puéril et comme tous les autres, blabla la littérature est une femme monde que je poursuis et n'atteins jamais, blabla je suis au dessus de ça mais je sais que je ne vis pas, blabla je sors des métaphores claquées mais je me juge pour ça, je n'aime pas les truismes

Les dialogues manquent aussi un peu de vie, font un peu exposition.

En fait j'ai l'impression de lire les détectives sauvages mais en moins bien, avec un auteur qui nous prends par la main pour nous expliciter ce que bolano suggérait plus élégamment.

Ça va peut être changer le livre n'est pas fini… j'espère !

Le décodeur
Mariole

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Excellente BD. Qui a regardé quelques conférences de Jancovici n'apprendra pas grand-chose, ça reprend vraiment toutes ses thématiques habituelles, mais c'est un excellent exercice de vulgarisation, encore plus accessibles que ses conférences. C'est dense, documenté, avec heureusement pas mal d'humour. Très bonne porte d'entrée aux enjeux liés au climat, à l'environnement et aux énergies.

BravoLeVeau
Triquy a écrit :

BravoLeVeau - 12 Jan 2022

J'ai lu le quart, j'aime bien mais je sais pas. C'est un peu poseur, ça manque de sincérité pour l'instant. C'est d'ailleurs son meilleur critique, et cette façon de se critiquer lui même pour désamorcer systématiquement me gonfle un peu, c'est un peu trop conscient pour me plaire à 100%.

C'est ce que je pourrais lui reprocher également, bien résumé.
Et on ne peut pas dire que ça change drastiquement d'ici la fin du livre ...
Après je suis quand même bien rentré dans l'ambiance particulière du livre, ça m'a charmé, malgré ces lourdeurs.
Pas le BLE, mais j'ai passé un bon moment à le lire.

En lisant la 4e je me suis dit tiens tiens tiens y'en a un qui a lu Bolano. Et paf en incipit une citation des détectives sauvages (que je conseille chaudement, meilleur livre jamais, dans mon top 10 clairement)

Je ne l'ai pas lu, je le rajoute sur ma PAL, merci de la recommandation smiley130

triquiqette
Triquy

BravoLeVeau - 12 Jan 2022

Je tempère un peu mon jugement du début. C'est un très bon roman, bonne construction et passionnant à lire. C'est pas exceptionnel, ça reste en dessous de Bolano (c'est quasiment un mix des détectives sauvages et de 2666) mais un très bon roman c'est déjà très bien.
Un peu plus de sincérité, moins de pose, peut-être un peu de travail sur les dialogues, je sais pas ce qui manque. Ce que je sais c'est que je lirai le prochain.

Oh là ! Elastico zézette ♪♫
Inspecteur_Gadjo

Anéantir, comme prévu, grosse claque. Pas autant kiffé un Houellebecq depuis Plateforme, c'est un vrai pageturner et la fin est magnifique. pepe_cry

Invité(e)
Profil Supprimé

Inspecteur_Gadjo - 31 Jan 2022

J'en suis à la moitié, je le trouve bon aussi mais l'aspect polar/politique m'enthousiasme moins, c'est une question de goût mais pour le moment je préfère Sérotonine.
Je sais pas si c'est moi mais j'ai l'impression que son écriture est plus posée, moins incisive dans Anéantir. Ça me rappelle un peu la carte et le territoire en fait.

Professeur Laytron

J'ai fini Anéantir également il y a quelques jours. J'ai aimé mais je reste un peu déçu, sans doute parce que j'attends de Houellebecq qu'il soit davantage sociologue que romancier. Ici, c'est clairement le deuxième qui parle au détriment du premier. C'était d'ailleurs sa volonté dans une interview dont je ne trouve plus la trace. La fin, à partir du moment où on apprend que , est absolument magnifique cependant, sans doute parmi les meilleures pages qu'il ait écrites. Mais je reste un peu sur ma faim car

les éléments avancés au début de l'ouvrage sont finalement complétement abandonnés dans les derniers chapitres. Je sais bien que c'est fait consciemment de la part de Houellebecq qui estime que l'amour prévaut sur tout mais je me demande du coup à quoi sert ce début. A quoi sert la campagne présidentielle (à part à faire plaisir à Bruno Le Maire), à quoi sert l'enquête des services secrets, à quoi, même, sert le suicide du frère ? A rien, et c'est sans doute là où Houellebecq voulait en venir, mais le lecteur que je suis se sent un peu "floué" par un auteur qui ouvre des arcs narratifs mais décide de ne pas les fermer.

Quoiqu'il en soit, c'est effectivement le livre le plus apaisé et tendre de Houellebecq, le livre d'une personne âgée qui se sait maintenant sur la fin et qui n'a plus envie de déclencher des polémiques stériles et vaines, sachant que l'amour est la seule chose qui compte au fond dans cette vie.

Tingle tingle kooloo limpah
KamiOngaku

Professeur Laytron - 01 Feb 2022

En phase. L'aspect services secrets est très étrangement traité, et parfois vaguement ridicule. Moins critique sur la partie politique, assez réussie je trouve (et essentielle à la relation Paul/Bruno).
En fait, un peu le sentiment que le livre joue trop sur le contre-pied par rapport à ce qu'on attend d'un houellebecq. Pas de cul, pas de vision du monde sans espoir de salut, moins d'humour. Mais du coup, le bouquin vaut quoi pour quelqu'un qui le lirait sans connaître l'auteur ? Des doutes.

Mais clairement, toute la dernière partie est superbe, de la grande littérature.

pepe_cry

Invité(e)
Profil Supprimé
Gallimard a écrit :

Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l'action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l'œuvre de l'écrivain est mise au jour. Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d'imagination, y lève le voile sur l'expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l'« abattoir international en folie ». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu'à son départ pour Londres. À l'hôpital de Peurdu-sur-la-lys, objet de toutes les attentions d'une infirmière entreprenante, Ferdinand, s'étant lié d'amitié au souteneur Bébert, trompe la mort et s'affranchit du destin qui lui était jusqu'alors promis. Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l'auteur n'avait jamais abordé sous la forme d'un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, « toujours saoul d'oubli », prend des « petites mélodies en route qu'on lui demandait pas ». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'œuvre de Céline.

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALL … che/Guerre
http://www.lalettredulibraire.com/?post … -librairie

Jour un smiley121

triquiqette
Triquy

Profil Supprimé - 26 Mar 2022

5 mai ??
pepe_cry pepe_cry pepe_cry

Edit par Triquy (26 Mar 2022)

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