J'attends les prochaines phases de tension/flippe avec impatience

premier sentiment à chaud après la conclusion à la fin pour paraphraser hichanbis : la claque. ND dieux parmi les développeurs, prise de risque de malade en supprimant Joel dès le début et en incarnant un personnage présenté comme antagoniste (qu'on aime ou pas), Ellie psychopathe, Abby good gurl, je rejoins fièrement les rangs de la team branlette. J'ai bien ressenti exactement ce que ce marionnettiste de Neil Druckmann voulait que je ressente, au moment où il l'attendait, les deux pieds dans le plat à lasagnes. Puis avec un peu de recul, j'ai rematé plusieurs cutscenes pour voir si j'étais pas passé à côté de certains passages clés et potentiellement révisé mon jugement et ma grille de lecture. En définitive, ça restera pour moi un des jeux les plus marquants ever de par la noirceur de son ton, de sa mise en scène inégalable, et de sa maîtrise absolue sur le plan technique. Mais je pense qu'ils ont loupé le coche sur plusieurs aspects, j'y reviendrai plus tard.

Déjà on va expédier de suite tout ce qui ne concerne pas l'histoire. Présentation globale et mise en scène level over 9000 et gameplay très solide. On reprend les fondations installées par le premier volet et on les améliore (légèrement). Le level design est mieux foutu avec + de verticalité et des arènes plus ouvertes, même si les phases d'affrontement restent un peu "téléphonées" (munitions avant et agencement des niveaux), avec toutefois quelques exceptions sur des scripts bien amenés. L'IA des humains est particulièrement bonne (hâte de tester leur comportement en survivant), les combats sont jouissifs et viscéraux, les ressources limitées t'obligent à bien faire usage de tout l'arsenal. Le gore et la retranscription de la violence sont incroyablement saisissant de réalisme et dérangeant comme dans aucun autre jeu. Les gros coups de tuyau/batte en pleine gueule qui font voler la mâchoire, les bouts de cervelle collés aux murs après un headshot, les cris de douleurs/supplications, les corps calcinés, le bruit des victimes qui suffoquent après un coup de couteau dans la gorge en se vidant de leur sang dans un gargouillis dégueulasse

Toute la partie sonore tutoie la perfection. Là aussi, un cran au-dessus du premier qui était déjà très bon à ce niveau. Que ce soit les compositions mélodiques à la guitare de Santaolalla, les musiques lors des phases de tension avec des nappes de son percutantes et assourdissantes qui montent progressivement en intensité, ou les effets sonores dans leur globalité. Ca matche parfaitement avec l'atmosphère lugubre, oppressante et déprimante qui drape tout le jeu. Puis bon, techniquement c'est le plus beau jeu ever avec RDR2. Un peu moins impressionnant que ce dernier vu la différence d'échelle mais bordel, le niveau de détails est ahurissant. Je me souviens avec émotion de ma sidération la première fois que j'ai fait Uncharted 2, on est tellement loin au-dessus Les phases "puzzles" sont moins pénibles à jouer et hachent moins le rythme.

J'ai bien aimé les intérieurs optionnels à explorer avec des infectés planqués et des ressources supplémentaires à récupérer, ça manquait dans le 1er. Mais faut dire qu'en dehors des nouvelles animations, impressionnantes au demeurant, comme la possibilité de se coucher au sol et de qqes gimmicks comme la corde/nouvelles armes, ça reste très léger en terme d'ajouts de gameplay.

Autre bémol : j'ai remarqué que les affrontements contre les clickers, qui représentaient une menace sérieuse, étaient ici beaucoup plus permissifs et faciles pour plusieurs raisons. Dans TLOU, on ne pouvait pas les tuer furtivement sans surin, et les surins servaient non seulement à ça, mais aussi défensivement à parer une attaque mortelle et à ouvrir des caches de ressources/munitions. Tu en trouvais assez peu et les fabriquer induisait un choix. Ils étaient donc précieux et t'avais souvent pas le choix que d'affronter la plupart des clickers frontalement parmi les autres ennemis. Là on les redoute nettement moins puisqu'on peut les tuer très facilement en attendant qu'ils arrivent littéralement à nos pieds. Ca diminue grandement le facteur flippe qui est pourtant plus prononcé qu'avant pdv ambiance. Finalement, même les moments les plus flippants ne sont pas au niveau de la séquence du sous-sol inondé du premier en terme de stress. Le silencieux est bien cheaté aussi puisque tu peux tuer les runners avec une balle dans la tête et éviter de rameuter tous les infectés. Tu ajoutes à ça le combo brique + arme blanche et c'est overkill. Les nouveaux types d'infectés ne sont pas bien méchants non plus.

Les séquences de jeu qui m'ont marqué :

Ellie :
- l'arrivée à Seattle avec la map à explorer librement. J'aurais souhaité plus de sections comme celle-ci, c'était très prometteur du coup un peu déçu que ce soit la seule.
- le tunnel avec les fumigènes où tu peux balancer une bouteille pour que les clickers attaquent la WLF dans un chaos visuel et sonore
- l'arrivée à la tour Channel 13
- tout Hillcrest
- le flashback au Musée, très réussi
- la toute première rencontre avec les Scars dans la forêt
- L'arrivée aux colonnes sur la plage à la fin, sordide à souhait.

Abby :
- toute la séquence où tu rencontres Yara et Lev (la lumière dansante de la torche qui éclaire la nuit en pleine forêt, poursuivis par une horde d'infectés)
- la descente de la tour éventrée, visuellement époustouflant et des affrontements bien cools avec les infectés
- l'hôpital en mode Dead Space, cette ambiance
- la séquence avec le sniper, probablement l'une de mes préférées
- la fuite à cheval du village en flammes

Maintenant concernant le scénario (je préviens, ça va être un peu décousu), j'ai un avis très partagé, car la manoeuvre consistant à vouloir faire éprouver de l'empathie pour un personnage qui a buté Joel a fait illusion sur moi au début. Je salue la prise de risque bien couillue opérée par ND, très peu dans l'industrie auraient osé un tel move, et ils savaient pertinemment que ça allait diviser leur fanbase, preuve en est avec les mongoliens qui vont jusqu'aux menaces de mort. Conceptuellement y a beaucoup d'idées intéressantes sur le papier : incarner un antagoniste, affronter Ellie avec Abby, la confrontation finale où t'es clairement supposé prendre Abby en pitié et où tu éprouves un sentiment inconfortable en tenant la manette pour la taillader, sentiment que je n'avais encore jamais ressenti dans un jv. C'est fort.

Mais ces idées se prennent les pieds dans le tapis une fois mises en perspective avec l'écriture du récit, qui dans sa volonté de montrer que l'escalade de la violence et la quête de vengeance ne mènent qu'au désespoir total en sacrifiant de nombreuses vies dans son sillage, multiplie les maladresses et les incohérences. Notamment grâce à des plot armors bien pratiques (dsl pour l'anglicisme), et fait délibérément passer Ellie pour la pire des déséquilibrées obstinées, alors qu'à la réflexion il y a de quoi. Elle a juste vu la personne la plus chère à son coeur, l'équivalent d'un père, se faire massacrer à coups de club de golf sous ses yeux et sous le regard complice de toutes les personnes qui ont assisté à la scène. Et n'oublions pas que tous ceux qui se mettent en travers de son chemin ont d'abord tenté de la tuer. Je pense que beaucoup parmi ceux qui prennent le parti d'Abby ont juste pris l'histoire pour ce qu'elle était, à savoir une expérience couillue, et ont oublié tout le développement antérieur de la relation entre Joel et Ellie en dépit des flashbacks, ce qui était mon cas au départ. C'est pas tant qu'Abby est une salope, c'est que sa vengeance n'est pas plus légitime que celle d'Ellie, et on essaie pourtant de te convaincre que c'est tout l'inverse. Ellie apparaît comme un personnage détestable, animée par une haine aveugle et sans remords. L'image qu'on avait d'elle dans le premier épisode vole en éclat. C'est voulu mais ça manque de subtilité.

Et quand on a les ambitions narratives d'un Neil Druckmann, on ne peut pas se permettre de commettre d'aussi grossiers tours de passe-passe qui ne peuvent qu'être volontaires pour servir le développement de son récit :

Pourquoi Tommy, survivant et tueur expérimenté, qui a affronté plusieurs bandes rivales dans son passé, dévoile son nom et celui de son frère à Abby, et même l'endroit et le nom de son camp aux autres WLF sans savoir qui ils sont et d'où ils viennent ? C'est pas du tout cohérent avec le personnage et c'est littéralement par sa faute que tout part en couilles. Pourquoi ne pas donner un autre nom ou attendre d'en savoir plus ? Ensuite pourquoi les laisser vivre (Ellie et surtout Tommy) en sachant pertinemment qu'ils reviendront pour se venger ? Qui laisserait passer un truc pareil ? Pourquoi Tommy prend les devants et part sans Ellie, quitte à lui faire courir de gros risques et à en courir lui-même de très gros ? Pourquoi ne pas avoir donné l'opportunité à Abby, à aucun moment jusqu'à la fin, d'expliquer son acte à Ellie, ce qui aurait pu donner lieu à un dialogue poignant et intéressant entre les deux personnages ? Pourquoi Ellie, après en avoir autant chié et tout plaqué pour mener à bien sa quête, se résout à épargner Abby après l'avoir lacérée et tué des personnages moins coupables à ses yeux, indépendamment de ce que peut ressentir le joueur en voyant une Abby méconnaissable et amoindrie ? Où est la cohérence ?
Evidemment la réponse à ces questions est toute trouvée : pour servir la vision du récit de ND. Ca n'en demeure pas moins grossier et maladroit.

La prise de risque s'est faite au détriment d'une certaine cohérence narrative, et au profit d'une galerie de personnages secondaires terriblement insipides (tout le contraire du premier et exception faite de Dina et éventuellement Jesse), en forçant le joueur à éprouver de l'empathie pour un personnage sorti de nulle part, qui tue froidement et cruellement un personnage que l'on connaît, et pour qui l'on éprouve une empathie naturelle. Ok on a compris, même Joel n'est pas à l'abri d'une mort bien dégueulasse, surtout après toutes les saloperies qu'il a commis. Et le pari audacieux de le faire crever au début pour choquer le joueur, ce qui va a l'encontre du chemin qu'aurait emprunté à peu près n'importe quelle autre suite, nourrit tout le fil d'ariane de la quête de vengeance d'Ellie. On sait qu'elle est déterminée comme jaja et qu'elle va faire de l'extra sale sur son passage, dont tuer beaucoup d'amis d'Abby pour parvenir à ses fins, en évitant soigneusement la mort à plus d'une quinzaine de reprises. Le plus grossier étant le moment où elle et Dina se font piéger sur leur cheval. Ellie aurait dû crever 5 fois dans cette scène mais bon, faut bien que le personnage principal survive jusqu'à la fin. Ca aurait pu être amené différemment, et de façon plus intelligente et subtile.

Une autre énorme problématique se pose quand on y repense sérieusement : les compagnons d'Abby, tous osef total en dehors du duo Yara/Lev.
- Owen, pas totalement foiré mais uniquement là pour donner de l'épaisseur (lol) au personnage de Abby
- le père de Abby qu'on voit 5 min, qui sauve un zèbre histoire de montrer à quel point c'était un chic type et que la vengeance de Abby est compréhensible et légitime. Subtil on vous dit. Après j'ai apprécié le dialogue avec Marlene où il refuse de répondre à sa question, ce qui permet de mieux s'identifier à Joel.
- Mel, médecin essentielle à la survie des siens blessés en nombres, qui parmi une centaine de soldats disponibles, insiste pour aller grimper à des échafaudages, affronter des Scars ET des infectés en étant enceinte Toujours rien compris à ce choix, juste débile et injustifiable.
- Isaac, une déception intégrale. Rarement vu un personnage aussi sous-exploité. Probablement plus insignifiant qu'un bad guy dans Uncharted, c'est chaud. On t'en parle pendant les 3/4 du jeu au travers de notes et de dialogues et on le voit 2 fois. La 1ère pour l'introduire, la 2ème pour le voir se faire buter inexplicablement par ses gars
- Manny, osef total - Nora, osef total - C'est qui Danny ????
- Yora et Lev : ok, enfin deux personnages attachants. Mais Lev qui pleure 30 sec à la mort de sa mère et de sa soeur et qui continue  son bonhomme/bonne femme? de chemin comme si de rien était

Toute cette partie est bâclée. On préfère t'expliquer que Lev s'appelait autrefois Lily et est persécuté par sa secte de talibans à cause de ça, c'est plus intéressant comme info. Quand on connaît les implications de ces personnages sur l'histoire principale on ne peut que constater les dégâts.

Côté Ellie c'est pas la folie dans les stud non plus. Dina est attachante, Jesse aussi, mais pas spécialement intéressant non plus en vérité. On ne voit quasiment pas Tommy, 2 fois Maria. On sent qu'ils ont quand même voulu rendre hommage à Joel au travers des flashbacks, encore heureux sinon ça aurait été juste scandaleux. Ca se défend d'un pdv narratif sur le moment mais ces flashbacks nuiront indubitablement à la rejouabilité. C'est un choix.

Quand je repense aux personnages secondaires du premier, même les plus anecdotiques étaient plus intéressant et réussis. Tess, pour laquelle le joueur est ému après son sacrifice et au vu du soutient qu'elle a dû apporter à Joel. Henry et Sam, et la conclusion traumatisante de leur rencontre. Marlène, qu'on voit pourtant peu mais dont on connaît les motivations et qui a un rôle central dans l'histoire. David, le taré qui donne un vrai poids à l'évolution de la relation entre Joel et Ellie. Tous apportent une vraie plue-value à l'histoire et au développement des personnages. Ce n'est pas du tout le cas ici.

Autre déception, la secte, elle aussi regrettablement sous-exploitée, alors que tout est fait (et avec réussite) pour leur donner une aura terrifiante. C'est un gâchis, ça aurait pu apporter une dimension encore plus grande au jeu, ne serait-ce qu'en incorporant un vrai antagoniste parmi eux qui croise la route d'un des 2 personnages. Ce qui aurait pu donner lieu à un affrontement intéressant par la même occasion, tant pdv gameplay que narratif. Pas un seul personnage fort chez les Scars, sériousement ?

Tout ces défauts deviennent flagrant pour un jeu de cette ambition, et rendent le dénouement peu crédible et décevant, malgré tous les efforts déployés pour nous faire éprouver de la sympathie envers Abby, vrai personnage principal du jeu.

Bref, en résumé je suis quelque peu déçu par cette suite, qui tient ses promesses sur tout ce qui ne concerne pas l'histoire. Une véritable baffe de technique et d'ambiance, mais qui se vautre en voulant aller à contre-courant pour dénoncer la spirale de la violence et pour le plaisir de choquer le joueur. Après c'est très subjectif, je pense que beaucoup apprécieront la démarche. Mais quand tu te penches un peu sur tous ces choix, y a quand même beaucoup de trucs qui se cassent la gueule. Dommage, mais très bon jeu tout de même.

la fin d'hiver. C'est complètement superficiel de devoir justifier le massacre de l'université et de la ville en en faisant des cannibales et un violeur. Comme si c'était pour rassurer le joueur que Joël n'est pas un gros connard prêt à massacrer la terre entière sans aucune forme de procès. Ça aurait été bien plus fort et efficace que ces gens ne soient que des lambda et que tout se soit barré en couille sur un malentendu dans l'université. La chambre froide et le violeur auraient été bien plus a leur place a Pittsburgh.

➔ Cheftrottoir - 16 Nov 2020

Yes il doit être presque deux fois plus long.

Je suis arrivé dans la seconde phase du jeu et je trouve que c'est le jeu le plus couillu de sa génération (et peut-être depuis encore plus longtemps).

Ah, et dernier truc. Si je me souviens bien, à la fin du premier TLOU, quand on se retrouvait dans la salle d'opération pour sauver Ellie, rien ne nous obligeait à tirer sur les médecins (qui sont inoffensifs). Sauf que le plupart des joueurs l'ont fait.

le fait que Joel paie de sa vie de ses choix est tout à fait acceptable. Oui, c'est un perso attachant, on a pas envie qu'il meurt ainsi mais il a peut-être contribué à empêcher de trouver un remède au cordyseps en plus d'être ultra violent dès que cela ne concerne pas son entourage

d'Abby et j'avais lu des commentaires outragés sur sa portion de jeu, alors que c'est parfaitement bien introduit et justifié dans l'action, je ne comprends pas, à moins qu'un gros caprice de pas avoir la plaisir de rejouer Joël (qui est pourtant super.bien traité dans les flash back)