La lecture du dernier chapitre de Berserk m'a donné envie de m'y replonger depuis le début. Sachant que j'avais commencé le manga sur les recommandations de degrama (que je ne remercierai jamais assez) il y a environ 10 ans J'ai tout relu jusqu'à la fin de l'Eclipse en faisant plus attention à certains détails qui m'avaient échappés la première fois, et avec Susumu Hirasawa en fond sonore Je comprends pourquoi je lis/regarde peu de mangas/anime ou n'arrive pas à finir ceux que j'ai commencés, c'est indécent tellement c'est à des kilomètres au-dessus de la concurrence avec Vagabond et Akira. J'ajouterai personnellement SNK pour l'ambition de son récit, son écriture, sa mythologie et le développement de ses personnages mais qui pêche artistiquement.

Malgré le côté shonen des combats, en terme d'illustration et de réflexion pure sur l'ambition et la noirceur de l'âme humaine, Berserk trône au pinacle pour ce type de média. On peut aussi penser à Devilman (Crybaby) mais qui prend le parti d'un nihilisme définitif jusque dans son dénouement. C'est une idée moins dogmatique dans Berserk où il reste une lueur d'espoir parmi les ténèbres. On perçoit dans l'oeuvre de Miura l'influence de Nietzsche, notamment au travers du personnage de Griffith, et de Hobbes sur la nature maléfique de l'homme (on sent une grande inspiration sur toute la partie où Griffith se retrouve au tréfond de l'Eclipse devant "l'idée du mal"). La montée en puissance du récit marquée par l'arrivée à Wyndham, notamment de l'ascension de Griffith au rang de phoenix blanc, l'assassinat de Julius et Adonis et le départ de Guts, jusqu'au point d'orgue avec l'éclipse et la récupération de la dragonslayer sword qui voit Guts transformé et dévoré par la haine est d'une perfection absolue. Les snobs diront qu'étant donné que c'est un manga, ça reste un média inférieur d'adulescents. Il n'empêche que j'ai rarement vu dans une autre oeuvre audiovisuelle dont le récit se concentre sur le développement de ses protagonistes, un personnage aussi tragique et maudit que Guts et un antagonisme aussi profond et fascinant que celui qui l'oppose à Griffith. La lutte permanente et le désespoir de Guts prend aux tripes. A tel point qu'il en devient regrettable et frustrant d'admettre que la violence et la puissance d'évocation des planches de Miura sont impossibles à retranscrire aussi fidèlement que dans son manga. J'aurais aimé voir et entendre le Guts agonisant de l'Eclipse hurler de rage dans un anime digne de ce nom, mais ça ne rendra jamais aussi bien. A moins d'un travail de titan d'une équipe de fanatiques dévoués mais ça n'arrivera pas. Pas faute d'avoir vu les 3 films et l'anime de 97, un bel effort en soi mais tellement moins marquant et moins violent. Triste

La mort de Miura et le fait de ne peut-être jamais connaître le dénouement et les zones d'ombres de cette histoire me donne envie de Au-delà d'un vrai dénouement et malgré les spéculations et théories, j'aurais tellement voulu savoir d'où viennent les anges de la God Hand, le Skullknight, Zodd. Tant de questions sans réponses

Pavé full branlette et portes ouvertes enfoncées mais la relecture m'a stimulé. Pour ceux qui l'auraient pas encore lu, ou comme moi pas relu depuis longtemps, foncez