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Ne vaut pas un clou
Cloud

knot084 - 31 Oct 2021

J'ai vu justement The Green Knight aussi hier.
Le trailer plutôt bien cool, le film bien noté (avalanche de foutre partout) et même si je ne m'attendais pas à un film d'heroic fantasy classique (le film est inspiré d'un poème sur Gauvain, l'un des chevaliers du roi Arthur) mais plutôt un film d'auteur contemplatif en regard du CV de David Lowery, je me disais que ça pourrait être plutôt cool : une sorte de Blade Runner 2049 médiéval.
Best.movie.ever, seuls les gens de bon goût instruits peuvent apprécier mais hélas tu n'en fais pas partie, sale mécréant paysan. smiley86

Je comprends ton avis, j'ai détesté. smiley11
Le trailer dynamique qui te vend une grande fresque de chevalerie, on dirait le trailer de Stillwater qui te vend Matt Damon qui va passer en mode Jason Bourne à tabasser du basané marseillais et c'est tout le contraire. smiley77


2 coups d'épée à tout casser dans le film (qui sont dans le trailer en +), tout le reste ne sont que des plans contemplatifs, des effets de style, des symboles et des métaphores.

Le début partait bien mais après le prologue, c'est l'avalanche de chiantise, j'avais envie de faire une pause toutes les 5/10 min tellement c'était chiant comme la mort (mais vraiment beau à couper le souffle comme des cartes postales). Et le film arrive à durer 2h alors qu'il ne se passe pas grand chose, c'est vraiment un tour de force. smiley12

En fait, l'histoire est plutôt simple si on connait le poème (j'avais lu le résumé sur wikipedia avant) mais j'avoue que je n'aurai pas lu, je n'aurai pas vraiment compris où voulait en venir le réalisateur et certains évènements.
Le film est une sorte de déconstruction du mythe du héros et de la chevalerie et re-écrit Gauvain à l'envers par rapport au mythe.

Gauvain dans la légende arthurienne est représenté comme le meilleur chevalier de tous les temps, le modèle à suivre.
Dans le film, il est présenté comme un flemmard, un ivrogne, un fêtard qui fout rien de sa vie, un impuissant et un gars qui aime une prostituée. Il a juste la chance d'être le neveu du roi qui est le roi Arthur lui-même (le plan qui permet de déduire ça est très ingénieux : ça passe d'une salle de trône comme n'importe quel autre avant qu'on découvre "subtilement" que c'est la table ronde elle-même).
Donc quand le chevalier vert arrive par magie (invoquée par sa mère ?), Gauvain saisit sa seule chance de prouver à son oncle qu'il n'est pas un raté, qu'il a l'âme d'un digne chevalier et décide d'accepter le défi parce que c'est son unique occasion où jamais de briller dans la vie (le chevalier vert propose de rendre la monnaie de chaque coup plus tard, donc il ne prend pas trop de risques au final en le combattant, ce n'est pas comme si il partait à la guerre).
Rien ne se passe comme prévu (pour ça qu'il est à cran durant le "duel" qui n'en est pas un) et il décapite le chevalier vert par défaut. Bon manque de chance, le chevalier se relève prend sa tête et part en riant tel le joker.

Il faut partir du principe que la fantasy est un truc acquis dans ce monde et que c'est un truc banal.
Tout ce qui suit est une quête initiatique et fait progresser le personne.

Le monde extérieur est présenté + ou - comme désertique et en ruine où la nature a repris ses droits (souligné par un dialogue et par le visuel).
Sa rencontre avec le pillard prouve que Gauvain n'a aucune générosité, il tombe dans le piège, ne se bat même pas. A partir de ce moment, y'a plein d'incohérences ou de trucs confus/illogiques qui se passent jusqu'à l'avant-dernier chapitre.
Le plan à 360 degrés, j'ai bien aimé, ça montre un futur hypothétique (il meurt comme une merde ligoté), mais partons du principe qu'il a décidé de "combattre" en se libérant et qu'il vit et que tout ce qui suit est réel.
Je saute une partie du film (comme le fantôme de la femme, les géants) que j'ai pris au 1er degré comme péripétie du héros qui l'aide à grandir.

A partir de là (le château), la trame devient + compréhensible et se rapproche du résumé wikipedia.
Le renard est très important : on peut le voir comme une voix intérieure ou une facette de lui-même (un peu comme l'ange ou le diable qui parle au personnage).
Les tapisseries dans le château du seigneur donnent un indice qu'il peut représenter l'intelligence/la ruse ou/et la tromperie/la tentation.
Essel, la prostituée comme la femme du seigneur sont d'ailleurs jouées par la même actrice (Alicia Vikander) et au final, Gauvain succombe à la tentation d'où sa fuite du château, tout honteux.
Il croise le seigneur en chemin, qui libère le renard au lieu de le tuer (contrairement à leur pacte initial) et ce même renard commence à parler avant l'accès au boss final en lui disant de faire demi-tour, que personne n'en saura rien et qu'il peut tromper le monde et créer sa légende comme ça.
Gauvain, le chasse et décide de faire face à son destin.

Comme dans le poème, le chevalier fait 3 tentatives en se faisant interrompre 2 fois.
-Gauvain ne comprend pas le but de la quête, du sens de tout ça et il pensait qu'il y aurait une autre fin (pour ça qu'il s'interloque et n'accepte pas sa décapitation).
-Gauvain imagine le futur possible où il fuit justement : il prend la succession du roi Arthur, devient roi, fait assassiner la prostituée (ce qui est indigne de son rang), part à la guerre, son fils meurt et tout le monde finit par mourir tragiquement. En gros, son mensonge et sa honte dissimulée ne servent à rien et mènent justement le pays à la ruine car il est indigne du code de la chevalerie et d'être considéré comme tel.
-Gauvain, au final, décide de choisir la seule voie chevaleresque et d'écrire son histoire : de mourir de manière noble comme le ferait un vrai chevalier (ce qu'il n'a jamais fait jusqu'à présent). Il retire la ceinture qui représente selon l'histoire son god-mode (qui est censée le protéger de tout si on prend ça au 1er degré), ou qui représente la tentation.
Et fin du film sur le coup de hache : libre à chacun d'imaginer la fin si il se fait vraiment décapiter ou si il y a le choco-twist du poème par la suite.



Tel un film marvel, il y a une scène post-credits (je ne sais pas si tu es allé jusque-là) : où on voit la couronne du roi Arthur au sol et une petite fille qui la prend et la pose sur sa tête.
Est-ce le signe d'une suite ?
Est-ce une apologie du féministe et de la montée d'une femme au pouvoir ? smiley70
Est-ce que c'est la fille de Gauvain qui aurait finalement survécu et dont l'avenir serait + lumineux ?
Ou est-ce une scène qui ne sert à rien ?
J'en ai aucune idée. smiley129



Conclusion : Un film d'auteur indépendant, très bien réalisé, très beau, très contemplatif mais ultra lent (où à côté Blade Runner 2049 représente un film sous coke tellement il se passe de trucs) avec plein de symboles/références dont on ne comprend pas grand chose et ultra-pompeux au final.
Je pense qu'un 2e visionnage s'impose pour mieux comprendre la beauté du film mais qui voudrait s'infliger ça ? smiley19
Je conseille aux gens de mauvais goût comme les adorateurs de Malick ou de Kechiche comme il y en a sur ce forum ou à CluBpop. smiley130

1/10 : 1 point parce que c'est un vrai film avec une vraie proposition cinématographique assez rare de nos jours.




Je retourne, après ce pavé vite fait explicatif, à mes Marveleries parce que contrairement à ce que certains comme ici disent, ça au moins, c'est du vrai cinéma comme on l'aime.
Les hommes mentent mais pas les chiffres du box-office. smiley86

Cloud (01 Nov 2021)