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Hier matin sur France Culture étaient invités plusieurs spécialistes du nucléaire (pour les 35 ans de la catastrophe de Tchernobyl):

Bernard Bonin, ancien directeur scientifique du CEA
Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les risques et les crises, Mines ParisTech, auteur de "Un récit de Fukushima", PUF
Francis Perrin, chercheur associé au Policy Center for the New south (Rabat) et directeur de recherche à l'IRIS

Il n'y avait d'ailleurs pas de contradicteur (à part l'animateur) pour remettre en cause le nucléaire.

Ce que j'ai trouvé intéressant c'est que les trois intervenants étaient totalement sur la même longueur d'onde que Jancovici (pas étonnant) et qu'ils tenaient le même discours (surtout avec Bernard Bonin, on avait l'impression d'avoir des bouts de conférence de Janco). On sent que chez les chercheurs physiciens et spécialistes des questions énergétiques, il y a une certaine forme d'unanimité et que les thèses de Janco doivent être appréciées.

On a donc eu droit à :

- Un rappel du bilan réel de Tchernobyl (et de Fukushima). Sans nier les effets réels pour Tchernobyl (notamment l'augmentation du nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants, mais qui ont pu être soignés).

- Les centrales françaises ont 34 ans en moyenne et leur durée de vie va être prolongée (on s'est rendu compte qu'elles vieillissaient mieux que prévu). Elles sont maintenant rentabilisées et sont de "véritables vaches à lait" (dixit Bonin) dont il serait fou de vouloir se passer. Impossible actuellement d'avoir une autre énergie aussi bon marché qui ne rejette pas de CO2.

- Aux USA, on assiste même à des ventes de réacteurs nucléaires d'occasion entre exploitants, au prix du neuf.

- Fermer Fessenheim a été une erreur monumentale et uniquement un choix politique pour plaire aux Verts (les conditions de sécurité avaient été renforcées et des mesures avaient été prises pour parer au risque sismique, très minime). Je n'avais jamais entendu ça, mais selon Guarnieri il y avait aussi un enjeu politique vis à vis de la Suisse qui œuvre beaucoup en coulisses pour faire fermer les centrales nucléaires qui sont à proximité de son territoire (et notamment les centrales de la vallée du Rhone)
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- On le sait mais le choix allemand de se passer du nucléaire a fait exploser les émissions de CO2 du pays (Bonin rappelle que la semaine où Merkel a annoncé cette fin progressive du nucléaire elle a aussi signé un accord pour la création de 23 centrales au charbon, ce qui a été très peu repris dans la presse....)

- C'est impossible (ou très risqué) pour un pays de dépendre trop fortement d'un mix d'énergies renouvelables qui sont intermittentes. La seul énergie pilotage qui n'émette pas de CO2 est le nucléaire... Ils recommandent tous de conserver une part importante de nucléaire (bon après ils prêchent pour leur paroisse). Ils ont rappelé l'exemple du Texas qui a subi de nombreuses coupures d'électricité l'an dernier : cet Etat a développé un important mix énergétique de renouvelables, qui ont vu leur production baisser et être totalement insuffisante lors de l'hiver dernier, créant de grosses tensions d'approvisionnement. Apparemment cet épisode a fait froid dans le dos à pas mal de pays et semble avoir été l'occasion d'une prise de conscience.

- Ils ont rappelé qu'actuellement on n'a aucune technologie satisfaisante pour stocker l'électricité produite par les éoliennes et le solaire : les batteries sont trop chères et impossibles à mettre en œuvre à l'échelle d'un pays ("les ressources de toute la planète n'y suffiraient pas" dixit Bonin). Les systèmes de stockage avec des barrages existent (on pompe l'eau avec le surplus d'énergie pour la stocker dans un lac artificiel en hauteur puis en période de pénurie on relache cette eau et la fait passer par un barrage qui produit de l'électricité). Techniquement ça fonctionne même si on imagine un peu le bordel (et les effets sur l'environnement). Mais en France par exemple il n'y a quasi plus aucun site possible...

- C'est une chance pour la France d'avoir l'autorité de sureté nucléaire. Ils sont réellement indépendants et c'est le gage d'un très bon respect des normes de sécurité dans nos centrales. Ils semblent dire que l'ASN est très très (trop ?) pointilleuse.  Ils n'éludent pas les risques liés au nucléaire mais s'entendent sur le fait qu'on est capable de gérer ce risque.