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Pour continuer le sujet à propos de Nolan, je me suis aussi entièrement ravisé... mais sur Interstellar.

Puisqu'il est coutume de devoir regarder un Nolan plus d'une fois pour comprendre un minimum, en tout cas depuis The Dark Knight, j'ai donc revu Interstellar y'a quelques jours.

Suite à mon premier visionnement au IMAX à sa sortie, je me souvenais de ce film pour sa photographie spectaculaire ainsi que de ses séquences dans l'espace à couper le souffle. J'avais trouvé l'histoire extrêmement accessoire et mal racontée, avec des scènes sur Terre inutiles. Je considérais ce film comme un documentaire IMAX non assumé, comme un truc purement contemplatif où le scénario n'a servi qu'à le sortir en salles.

Finalement, avec du recul 6 ans plus tard, force est d'avouer que ce n'est pas le même film que j'ai vu au IMAX. Nolan a tendance à faire des films vraiment très denses. Celui-ci est probablement son plus complexe, très symbolique, très nuancé et beaucoup d' implicite. C'est un casse-tête du début à la fin pour quiconque ayant un intérêt pour les questions métaphysiques. Sans doute le film qui se rapproche de le plus de The Prestige.

Comme The Prestige, c'est un film qui s'apprécie sur sa lenteur pour déguster sa cinématographie contemplative. C'est long, c'est lent, on laisse le téléspectateur figé dans le temps avec ses questions existentielles. Et puisque le temps est limité, ces questions existentielles ajoutent un important élément d'anxiété tout au long du film, car il n'y a rien de pire existentiellement que d'évoquer la fin de l'humanité, même en film.

Pour rajouter à ce sentiment d'insécurité en cette année 2020 dystopienne, Interstellar prédit une fin du monde qui résonne étrangement avec l'année dans laquelle nous vivons. D'abord par un système de censure national, ensuite par des mesures sanitaires sévères, il ne semble pas que le problème soit exclusivement environnemental dans cet avenir rapproché.

Interstellar a beau présenter le futur sous le pessimisme, il laisse quand-même entrevoir un nouveau début, notamment par ce qui caractérise les organismes vivants à s'adapter.

À la fin, un nouveau monde commence sa colonisation, mais sur un espace-temps beaucoup plus lent que l'autre colonie humaine orbitant  Saturn, juste à côté du trou de vers issu d'une singularité provoquée par les très lointains descendants de l'humanité ayant appris à vivre dans pas moins de 5 dimensions.

Cette intrigue est forcément très complexe à mettre en œuvre. Il y a toute une réalité scientifique à alimenter. C'est pas simple, mais Nolan y parvient malgré tout avec une évolution appropriée des personnages et des distinctions entre ceux-ci (la fille et le fils de Cooper, dissidences scientifique, instinct de survie du personnage de Matt Damon...), permettant la dramatisation des enjeux scientifiques que le film met de l'avant. Avec un tel casting, ça aide: Anne Hathaway, Michael Caine, Matthew McConaughey, Casey Affleck, Matt Damon, Jessica Chastain, John Lithgow, Wes Bentley... ouff

C'est un film qui mérite de se faire regarder en blu-ray 4k sur une bonne télé. Je vous conseille de le revoir, mais à tête reposée.