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Chronique : Le Grand Débat # 04: Electronic Arts prend-t-il un nouveau virage?

Le grand débat - Par Ashram - 20 Novembre 2008 16:47:16

Cela faisait quelques mois qu'Electronic Arts criait haut et fort qu'il voulait changer son image, en donnant sa chance à de nouveaux projets et en privilégiant le lancement de nouvelles licences. L'éditeur qui créa jadis les succès mondiaux que sont Populous ou les Sims s'était perdu dans une logique de glouton commercial, essorant ses licences suite après suite et rachetant à peu près tous les concurrents.

Cette année deux-mille huit semble pourtant marquer un tournant dans la politique du géant américain, après un Spore novateur, un Fifa qui est redevenu la référence footballistique et l'excellente surprise Dead Space.

A l'occasion de la sortie de Mirror's Edge, la Rédaction de Gamerama tente de faire le point sur l'avenir d'Electronic Arts : tournant ou envie de trouver de nouveaux filons à essorer?

Ashram



Je serais faux-cul en disant qu'Electronic Arts a été une boîte que j'ai toujours appréciée. Ces dernières années ce fut même plutôt le contraire. Aucune nostalgie particulière ne s'empare de moi en remémorant les débuts de la boîte tout simplement parce que Molyneux n'est pas un demi-dieu à mes yeux et que Populous ça ne me parle pas vraiment comme genre, même si j'y avait passé de nombreuses heures sur Super Nes (de nombreuses heures à piger le concept je précise).

La seule série dont je me souviens avec un sourire aux lèvres, c'est celle des "Strike" (Desert Strike, Soviet Strike,...). D'accord vu d'aujourd'hui c'est forcément pourri (quoique) mais à l'époque quel pied de jouer à un titre si politiquement incorrect.

EA est devenu récemment synonyme de boîte à fric, de géant absorbant les licences, quitte à les vider de leur âme. Je me rappelle encore avoir gueulé lors du rachat de Criterion et du passage de Burnout chez le grand satan. Burnout Point of Impact était sans doute un des meilleurs jeux de caisse auquel j'avais pu toucher, et cette putain de boîte allait à présent me servir la série à la sauce tuning et avec le EA D.J. déjanté.

Contre toute attente, même si la recette EA (panneaux publicitaires, ton djeun'z) a été appliquée au troisième opus, Burnout Takedown reste ma version préférée.

C'est donc une relation d'amour et de haine qui m'a toujours unie avec le géant Américain. Qu'est-ce que leurs séries sportives ont pu me gonfler, et me gonflent toujours à l'heure actuelle! Si le business model est difficilement critiquable, du point de vue du joueur ça fait bobo à la raie de réinvestir une soixantaine d'euros chaque année dans la même came.

Les Need for Speed ont été une déchirure. Fan inconditionnel des premiers épisodes et de leurs courses-poursuites avec les flics, j'étais au bord de la crise de nerfs en voyant sortir chaque année la nouvelle version alignant le combo Tuning - Babes - Rap.

Je crois avoir juré secrètement de dédier ma vie à la destruction de toutes les copies du jeu à ce moment-là.

Et pourtant, en regardant en arrière, il est indéniable qu'Electronic Arts est une société qui est capable de se sortir les doigts du cul quand il le faut, voire même d'innover. Car pour cinquante séries creuses et sans saveur, EA est capable de nous accoucher d'une rareté.



Le premier Medal of Honor est un modèle du genre. Pour de la PS One il est même bluffant. Précurseur du genre FPS sur consoles (ou en tout cas de leur popularité), il était intéressant tant au niveau du gameplay que de l'histoire. C'était bien avant que l'on soit gavés des jeux à la sauce World War II.

On devait s'infiltrer avec de faux papiers, on avait des objectifs qui ne se cantonnaient pas uniquement aux fusillades (le sabotage de la grosse Bertha) et on profitait surtout de l'expertise de Spielberg en la matière.

Mais comme toujours avec EA, c'est un peu leur problème, quand ils tiennent une poule aux oeufs d'or, ils la pressent jusqu'aux ovaires. Aujourd'hui la seule évocation d'un nouveau Medal of Honor est capable de me donner envie d'avaler des lames de rasoir.

Mais si je devais parler de mon jeu Electronic Arts, celui qui à lui seul peut justifier de s'être tapé la montagne de licenses à laquelle l'éditeur nous a gavés, ce serait SSX 3. Tous les SSX d'ailleurs, excepté cette merde qui s'appelle On Tour, adaptation de SSX à la sauce djeun'z et Tuning.

SSX c'était de l'arcade pure, du fun à deux cent pour cent, une bande-son qui arrache et des sensations de folie. Je me revois encore y jouer en plein hiver (c'était du temps où nous avions de vrais hivers), les fenêtres ouvertes la clope au bec, gelé mais tellement content de surfer par procuration. Il faisait cinq degrés dans ma chambre mais qu'importe, je jouais à l'un de ces jeux qui nous fait profondément aimer ce loisir pour autistes.



Depuis, EA n'avait plus fait grand chose. Des suites, des Sims, du casual. De la merde.

Puis il y a eu la révélation. Ils ont dû voir Ségolène Royal mais ils ont décidé de passer à autre chose. Enfin pas totalement non plus, il ne faut pas déconner.

Si les suites continuent et continueront sans doute, nous avons à présent un sérieux coup de fouet donné à leur politique. Fifa s'est remis en question, Dead Space remet le Survival Horror sur les rails, et Mirror's Edge est un ovni. D'ailleurs en parlant de ce dernier, quelle prise de risque! Malgré le buzz qu'EA essaie de faire monter autour, ce jeu a tout du pari impossible à relever.

Trop le cul entre deux chaises pour convaincre les gamers, trop pointu en apparence pour intéresser les casuals, le soft de Dice semble promis à un score médiocre. EA se l'est-il permis en connaissance de cause juste pour changer son image?

On se souvient qu'à l'époque Sony a accordé (et accorde toujours) sa totale confiance et son robinet à Dollars à Fumito Ueda, juste pour avoir un jeu fort en terme d'image. Les titres d'Ueda ne se vendent pas, mais par contre apportent une putain de respectabilité à Sony auprès des gamers.

Est-ce la stratégie de ME? Est-ce qu'Electronic Arts aurait enfin compris qu'il faut utiliser une partie de son trésor de guerre dans le façonnage d'une image de créateur, d'éditeur capable de faire de l'artistique?

Je l'espère. J'espère que ce que l'on est en train de vivre actuellement est le début d'un nouveau tournant et qu'EA sera capable à l'avenir de faire cohabiter licences presse-citron avec projets couillus, un peu à l'image de Capcom qui finance ses ovnis avec des Street Fighter, Resident Evil Wii et autres merdes formatées ou encore à l'image de Sony qui peut pondre du Singstar à côté de Rule of Rose ou Ico.

Ca, seul l'avenir nous le dira et j'espère ne pas être à nouveau rongé par mes vieux démons en entendant prononcer le nom de cette société. Quoiqu'il en soit le nouveau visage d'EA me plaît, en en étant forcé de regarder dans le rétroviseur pour cette chronique, je me rends compte que la boîte est loin de n'avoir sorti que des daubes; elle a même plutôt été souvent présente à chaque étape charnière du jeu video.

Espérons qu'elle arrive à faire cohabiter un département casual pour faire rentrer le fric, un département sports pour nous ressortir des vrais SSX de qualité, un département recherche pour avoir encore des jeux de la trempe de Mirror's Edge, et un département écologique pour nous recycler les Fifa et faire plein de suites à Dead Space. Ou pas.



KamiOngaku



A la fin des années 1990 (des années mille neuf cent quatre-vingts dix pour mon ami Ash, des 90’s pour mon pote Choco), j’aimais pas Electronic Arts. Déjà, sont ricains. Ensuite, z’étaient numéro 1 mondial. Enfin, avoir la prétention de se nommer ainsi quand la seule innovation qu’on portait était le changement du numéro suivant le nom de la licence sportive achetée à prix d’or, je trouvais ça un peu gros. Et puis, au passage, EA Sports, tenegen, ça ne voulait rien dire.

Force est de constater que les choses changent à grand pas, chez EA. Certes, ils sont toujours Etats-uniens, mais EA Sports, it’s in the game, je comprends enfin, et surtout, ils ont retrouvé leurs couilles d’antan. Pas depuis longtemps, pas concernant tous les projets (kikoo l’extension les Sims 2 font du point de croix), mais l’effort est là. Je vous renvoie aux tests de la rédaction pour des avis détaillés, mais qui pourra se plaindre, en cette fin d’année, de la sortie d’un Dead Space ou d’un Mirror’s Edge ?

Je vois surtout dans ce (petit) virage pris par EA des raisons d’espérer. S’il est un éditeur non suspect de philanthropie, c’est bien celui-ci. Alors le voir développer des titres pour joueurs, qui se paient en plus le luxe d’innover, c’est laisser espérer une voie pour une production toujours rentable de jeux comme on les aime. Tout cela parallèlement à la sortie de logiciels pour joueurs occasionnels, bien entendu, comme un clone de wii fit, mais qui s’attristera de voir Dead Space en partie financé par la volonté de Tatie grosses cuisses de revenir à son poids de forme après les fêtes ?

Je ne sais pas si c'est le fait d'être devenu le challenger, suite au rachat d'Activision par Vivendi, ou si les changements intervenus à la tête de l'éditeur commencent à porter leurs fruits, mais cette année 2008 laisse augurer le meilleur pour Electronic Arts, bien sûr, mais avant tout pour les joueurs.

Après ça, quand je vois Activision sortir un Call of Duty par trimestre, en s’enfonçant toujours plus loin dans la médiocrité, je soupçonne une malédiction qui toucherait les numéros un du secteur…


Jeux de cette chronique : Dead Space (PlayStation 3), Mirror's Edge (PlayStation 3)


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