Débarqué il y a plus de dix ans,
Tomb Raider fut un pionnier, et reste aujourd'hui presque indétrônable dans le genre action-aventure. Vous pourrez toujours pester sur sa maniabilité toute raide qui ne vous avait rien pardonné, vous devrez vous incliner face à son univers fascinant ou effrayant, bourré de trouvailles dans sa construction et sans cesse renouvelé. Non, Tomb raider n'est pas qu'une bête retranscription 3-D des jeux de plate-forme à scrolling, c'est surtout un fourre-tout en rupture avec tout ce qui se faisait jusqu'alors. Pour fêter l'anniversaire (à la bourre) de ce classique, Eidos est allé demander aux bonhommes de chez Chrystal dynamics de plancher sur un remake, à développer au plus vite. Comme ils venaient de sortir Tomb raider Legend, ils se sont contentés de reprendre sa jouabilité, son moteur graphique et un peu de ses textures. Et puis ils étaient suffisament échauffés par le développement de Legend pour parvenir à bâtir Tomb raider anniversary en seulement un an.
A noter que la rédaction de Gamerama a testée les deux versions disponibles :
Playstation 2 et PC. Non, en fait on a juste joué à la version PC avec une manette PS2, ce qui revient au même, hein. Il est dommageable qu'aucune version Xbox 360 ou PS3 ne soit planifiée, il est également regrettable qu'une version Wii soit planifiée.
D'emblée, on constate que le jeu a bonne mine malgré son léger retard technique, ça c'est la faute à la sortie du jeu sur PS2 qui tire le moteur graphique vers le bas. Alors que Tomb raider legends, sur PC et Xbox 360, pouvait offrir des graphismes dits nesquegènes qui apportaient un gros tas de shaders bumpés au hachedéère, Tomb raider anniversary se contente de textures plus datées et d'un peu d'effets à peine spéciaux. Mais après tout c'est pas grave, la nesquegène sous Tomb Raider Legends ramait carrément et était d'assez mauvais goût, et je dis pas ça parce que je contrôle mes dommages. Le jeu risque par contre de ne pas attirer la vaste clientèle de manouches superficiels qui ne jurent plus que par le graphisme, grâh le graphisme.
Heureusement, ce petit contretemps technique est largement compensé par la maîtrise du moteur du jeu. Les immenses décors n'auront de cesse d'impressionner. Par rapport à l'original, alors victime de restrictions techniques, les niveaux ont largement gagné en hauteur et en profondeur de champ. Le clipping et les structures modélisées sommairement ont bien entendu disparu, mais par rapport à des productions modernes comme Shadow of the colossus, ce Tomb Raider ne rougit pas. Les développeurs monomaniaques ont bardé chaque décor de petits détails texturés avec amour, à la Metroid prime. En matière d'immersion, il ne fait aucun doute que les environnement sauvages ou ancestraux de Tomb raider anniversary sont nettement plus taillés pour l'exploration que les escapades citadines qu'on peut voir dans d'autres épisodes de la série.
Le level design est cette fois-ci crédible, entendez par là que les ficelles du jeu sont parfaitement intégrées aux décors. Ainsi une poutre ne sera jamais connement modélisée au beau milieu d'une pièce vide, mais supportera un balcon. L'intégration est si limpide que l'on met parfois du temps à comprendre qu'il était nécéssaire de grimer sur ce que l'on croyait être un simple élément d'ornement. Comme à la belle époque, découvrir une pièce débordant de mécanismes à activer peut décourager, heureusement le bouclage de la séquence nous offre une généreuse sensation d'accomplissement.
Mais le plaisir de déjouer tous les pièges rigoureusement tendus n'existerait pas sans le copier-coller de la jouabilité quasi-parfaite de Tomb Raider Legend. Les enchaînements sont presque aussi fluides qu'un
Prince of persia, ils s'exécutent sans difficultés de
timing, ce qui permet avant tout de jouer sans savoir à se soucier de la démarche de Lara. Du coup, certains pourraient reprocher la trop grande tolérance de cette jouabilité, il est vrai que voir Lara hésiter avant de chuter d'une corniche sans qu'on lui demande son avis pourrait nous faire croire qu'on nous prend pour des assistés à peine attardés.
La caméra est irréprochable sur PC : la souris la déplace en même temps que Lara, et si Lara ne bouge pas vous pouvez triturer la caméra indépendamment. Avec un stick analogique, c'est évidemment moins réactif, les réajustements se font donc brefs et rares. Défaut moins pardonnable : la caméra peut se bloquer lors de certains passages virevoltants, elle déraille même carrément face aux mouvements incisifs du boss final.
On retrouve les scripts
old school de l'original, comme ces loups qui
spawnent après activation d'un interrupteur. L'inventaire minimaliste n'a pas bougé d'un iota, et aucune upgrade n'est possible. Les phases en véhicules des autres Tomb raider n'existent pas ici, et on ne peut que s'en réjouir car on a beau dire, rien ne remplace les énigmes entrecoupées de plate-forme. Vous allez me traiter de vilain rétrograde, mais cette apparente régression par rapport aux jeux d'aujourd'hui ne fait pas tâche ! Comme si tout ajout aurait été superflu, en tout cas incompatible avec un Tomb raider que l'on désire purifié.
Le
HUD a disparu (sauf quand la barre de vie se flétrit), ce qui rend le jeu cinématographique, mieux, artistique. Hélas, il subsiste quelques bugs de collision, comme si leur présence était devenue obligatoire depuis le premier épisode de la série. Les combats sont fidèles à tout Tomb Raider : inutiles. ll est quasiment impossible de mourir en face d'un méchant ou même d'un boss, il suffit en fait de marteler son bouton de tir comme dans un
Track n'field pour faire tomber l'IA comme une mouche. Si jamais on vous a coupé les mains avec une scie sauteuse quand vous aviez dix ans, vous pourrez toujours vous positionner en position surélevée par rapport à l'ennemi, celui-ci ci est en effet incapable de grimper quelconque obstacle. On aura beau nous offrir des dizaines de trousses de soins et autres munitions, on ne s'en servira jamais car les checkpoints sont efficaces, tout comme les pistolets de base.
Comme j'ai coupé toutes les musiques et bruitages pour écouter du Led zeppelin pendant que je jouais, je peux affirmer que la bande-son est excellente, en nous proposant des classiques intemporels comme
Whole lotta love ou
Stairway to heaven. Les pathétiques Omar et Fred ont été virés, souvenez-vous : ils faisaient leurs sketchs pendant que que vous jouiez à Tomb Raider Legend. Tomb Raider Anniversary se conclut malheureusement plus rapidement que Tomb raider 1, la faute à une difficulté amoindrie, à une jouabilité plus permissive et à des parcelles du jeu supprimées ou remodelées. Ce qui nous fâche, ce sont les développeurs qui disaient
devoir s'adapter aux exigences des joueurs actuels, ceux-ci n'étaient soit-disant plus capables de jouer plus de huit heures à un jeu, de se surpasser... Encore une conséquence de la politique Wii ? Cela dit, Tomb Raider Anniversary demeure miraculeusement réservé au véritable joueur, celui qui aime sauver le monde en se perdant au fin fond d'une grotte.
