Cain_Marchenoir
06 Oct 2015
Je trouve pas que ça se ressente vraiment. Regarde le nombre de personnages noirs auxquels on impute aussi une responsabilité personnelle ou familiale dans leur sort. Il n'y a pas de misérabilisme ou d'idéologie victimaire. On te montre clairement que les pires ennemis des pauvres sont souvent les autres pauvres. Certes il y a le côté fataliste mais on prend bien soin de te montrer que ce n'est pas le fruit d'une sorte de projet unifié (aucune vision matérialiste, au sens hégélien du terme, dans the wire) mais plutôt de faillites personnelles, humaines, additionnées les unes aux autres. Et c'est pas anodin que le personnage qui suscite le plus "d'espoirs" sur le plan politique soit un mec "de gauche" (américaine certes) et qu'il déçoive à ce point à la fois en raison des circonstances, mais aussi de ses carences personnelles et de son égo. La facilité aurait été de faire un personnage conservateur caricatural, méchant raciste, etc. Bref, The Wire, comme Mad Men, ne sont pas des séries "idéologiques" à mon sens, il y a un primat des personnages, du tragique et de la complexité humaine sur les abstractions idéologiques militantes et outrancières, ce qui est toujours un signe de grande vulgarité mais aussi de médiocrité artistique (cf les merdes qui nous servent de "littérature" contemporaine et qu'on encense parce qu'elles ne servent qu'à faire l'éloge d'un temps décadent et hideux). Après oui tu sens une sensibilité libérale (sens américain toujours), mais même pour moi qui pense être un authentique réactionnaire, ou au moins un conservateur, j'ai trouvé ça très fin et surtout artistiquement excellent, ce qui passe toujours avant les considérations idéologiques. Cain_Marchenoir (06 Oct 2015) |